Même si je n'ai jamais été un grand fan des Expendables je dois reconnaître que le concept du retour à l'action des eighties avec des bons gros bourrins gavés de testostérone avait un je ne sais quoi de séduisant et de jouissif surtout que les deux premiers films s'offraient le luxe de castings en parfaite adéquation avec l'esprit global des films. Le troisième opus mettait déjà un bon coup de frein à la saga mais ce quatrième viendra je l’espère enterrer définitivement la licence tant elle semble agoniser sous nos yeux dans d'atroces souffrances.
Expendables 4 c'est donc le retour des missionnaires de l'impossible et des mercenaires spécialistes des actions type commando suicide (enfin ce qu'il en reste) qui doivent cette fois ci empêcher un méchant d'assembler et faire péter une bombe nucléaire pouvant engendrer une troisième guerre mondiale.
Alors bien sûr on ne va clairement pas voir ce genre de film pour la fulgurance de son scénario, mais franchement le coup du gros méchant et de la menace atomique c'est juste à peu près la 4523éme fois qu'on nous la ressort et même sans risquer l'accident cérébrale on pouvait peut être imaginer une menace un peu plus innovante. En plus ils ne sont pas moins de trois scénaristes pour nous avoir pondu ce script rachitique et rabattu de quoi nous faire relativiser sur le recours possible à l'intelligence artificielle. Car passe encore que le concept de base soit aussi con que convenu, mais le film s'articule presque uniquement sur cet arc narratif avec pour l'enrober une vague histoire de vengeance bien pété aboutissant à un twist ending complètement moisi. En gros y-a des méchants qui veulent tout faire péter, des gentils qui ne veulent pas et ils se foutent sur la gueule pendant 105 minutes entre deux répliques pourris et des gags à base de pipi .
Passe encore si le film aussi bas du script soit-il était un minimum fun et spectaculaire à regarder mais là encore c'est juste limite honteux. En quatre films la saga reprend assez symboliquement la trajectoire de bon nombres de gloires du cinéma d'action des années 80 qui sont passé du feu des explosions et des effets pyrotechniques à la laideur d'effets numériques shootés sur fond vert dans une production d'Europe de l'Est pour payer leurs impôts et pensions alimentaires. Expendables 4 est souvent immonde, hideux et cheap avec ses transparences foireuses, ses décors numériques tout moches et ses effets bouffis de de CGI dégueulasses. Franchement certaines séquences font mal aux yeux tellement elles semblent artificielles et surtout si loin de l'esprit des films d'actions des années 80 qui devaient être à l'origine ressuscités par la saga. Après forcément un technicien derrière un écran ça coûte toujours moins cher que des artificiers, des cascadeurs, des figurants, un directeur de la photographie, des décorateurs et un chef opérateur. Gerbes de faux sang numériques, cascades pitoyables dont un vieux saut en voiture digne d'un Remy Julienne des années 70, explosion de pixels rien ne fonctionne vraiment dans Expendables 4 qui s'en va même foirer les maigres atouts qu'il avait encore dans sa manche. Car si le film s'offre la présence d'artistes martiaux géniaux comme Tony Jaa (Ong Bak) et Iko Uwais (The Raid et The Raid 2 pour le coup deux putain de films d'action) jamais la mise en scène assez catastrophique de Scott Waugh ne rend un minimum hommage aux prouesses et cascades dont sont encore capables les deux acteurs contrairement au reste du casting. Trop découpé, trop rapproché, trop cut jamais les combats qui impliquent les deux acteurs n'ont de véritable impact sur le spectateur. La grande scène du film aurait même du être leur affrontement et confrontation direct, mais fatalement il en sera tout autrement puisque le film est incapable d'aligner une seule idée jouissive et cohérente.
Niveau casting vous pouvez oublier les Schwarzenegger, Bruce Willis, Jean Claude Van Damme, Jet Lee, Mel Gibson, Antonio Banderas, Wesley Snipes, Chuck Norris, Harrison Ford et compagnie, même Sylvester Stallone se barre au bout de vingt minutes du film comme conscient du naufrage. Bien sûr certains grands noms ne faisaient que de la figuration de luxe dans les épisodes précédents mais c'était toujours plus jouissif de les voir deux minutes que de se fader le casting actuel. Ici on récupère un 50 cents totalement transparent, l'inconnu et translucide Jacob Scipio ou Levy Tran qui visiblement fait un peu de kung-fu et beaucoup de doigts d'honneur; le baroud d'honneur de vieilles gloires vieillissante est devenu un refuge de figurants insipides et de comédiens hors sujet (c'est quoi le rapport entre Megan Fox ou Andy Garcia et les actionners des années 80??), au bout du compte c'est difficile de ne pas trouver ça globalement assez pathétique. Le film semble être entièrement calibré à la gloire suprême et unique d'un Jason Statham qui sans surprise nous fait du Jason Statham.
Expendables 4 est clairement le film de trop c'est laid, c'est stupide, c'est mal branlé, c'est ultra Z malgré ses 100 millions de budget et c'est un fim absolument honteux de j'en foutisme à absolument tous les niveaux. Il serait peut être temps de mettre tout ce petit monde à l'hospice et pour de bon, éphad pitié !