Oh, petit plaisir : une revoyure d'un petit film bien foutu, bien écrit, bien joué, avec Madeleine Stowe et Richard Dreyfuss ! Ce n'est pas à proprement parler un film d'été, le cadre pluvieux de Seattle ne s'y prête guère, mais mes vacances commencent bien avec ce film divertissant, animé et touchant.

Qu'il soit bien fichu n'est pas une surprise : John Badham est aux manettes et ce type, sans être génial, a le don de construire des films dont les histoires simples tiennent admirablement la route : montage intelligent, mise en scène équilibrée et direction d'acteurs enjouée. C'est carré, chiadé et il y a toujours une petite note personnelle qu'il amène grâce à des comédiens toujours à l'aise.

Ici Richard Dreyfuss fait du Dreyfuss : un clown attachant. Il se dégage de ce type une véritable humanité. C'est un très bon comédien qui joue le flic cool, mais dont les sentiments sont bien chahutés par l'apparition, il est vrai craquante et miraculeuse, de la somptueuse Madeleine Stowe. Qui ne tomberait pas amoureux de cette longue et latine demoiselle aux yeux tristes?

Avec Emilio Estevez en rondouillard père de famille rangée, remettant de l'ordre dans la mise en pli ébouriffée de son coéquipier turbulent, dans un rôle de composition donc, ils forment un couple sympathique, comme il se doit pour un buddy-movie traditionnel.

Face à eux, Aidan Quinn, sorte de Gad Elmaleh en plus massif, est le chien méchant dans le jeu de quilles, donnant ce côté épicé à l'affaire romantique du film.

Car outre la comédie, le polar et le buddy-movie, ce film est avant tout le prétexte d'une véritable comédie romantique, avec des cœurs qui battent la chamade (2 à 0 score final), du désir dans les slips, des mensonges qu'il faut difficilement assumer, des situations embarrassantes ou/et drôles, et d'autres beaucoup plus problématiques. Bref, le suspens est aussi noir que romantique. Il y en a pour tous les goûts.

C'est aussi à cela qu'on remarque l'habileté du scénario à jongler avec tous ces paramètres sans se laisser déborder par l'un ou l'autre et la capacité du réalisateur à mettre en scène tout ce petit monde et tous les enjeux sans que la lecture soit fastidieuse, ni ampoulée. Il y a un vrai plaisir de cinéma, celui d'assister à un spectacle fluide, alerte et tout simple, souriant et inquiétant. Le style qui s'en dégage est décontracté et grave tour à tour, très ancré dans son époque, entre les années 80 et 90, marrant, émouvant avec cette coolitude sexy de ces années là. Je pense cependant qu'elle doit beaucoup aux deux personnages principaux. Richard Dreyfuss et Madeleine Stowe donnent au film cette épaisseur délicate, cette suavité presque sucrée qui en font un délicieux bonbon à voir et à revoir.
Alligator
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le 17 nov. 2012

Modifiée

le 15 juil. 2014

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