Edward Norton, qui avait été extrêmement en vogue à la fin des années 90 et début 2000, a vite été effacé par d'autres, et c'est sans grande surprise que l'on a pu le voir passer des bonnes aux mauvaises productions comme une balle de ping pong. Hulk l'avait remis sur les devants de la scène, et finalement il n'aura pas donné suite à son personnage, disparaissant du casting de The Avengers. Du coup on ne savait pas trop quoi attendre de cet Escrocs en herbe, sorti en 2009 aux States et arrivant tardivement par chez nous en direct-to-video, ce qui n'augurait rien de bon. Premier constat, c'est une bonne surprise. Norton ne se contente pas d'un, mais de deux rôles, incarnant des jumeaux aux personnalités opposées. L'histoire, assez basique dans son pitch, se complexifie progressivement afin de laisser place à un vrai thriller/polar plutôt qu'un simple film de stoner comme l'on pourrait le penser de prime abord (notamment à cause de sa jaquette, arborant une gigantesque feuille de marijuana afin d'attirer le fumeur de base).
On a les retrouvailles des frères qui ne se sont pas vus depuis des années, les inévitables reproches, mais Tim Blake Nelson, qui écrit et réalise l'ensemble, a réussi à mixer un ensemble de situations de façon plutôt judicieuse. Absent de derrière la caméra depuis son O (aka Othello 2003) et The Grey Zone, il a cependant appris depuis, et l'on comprendra aisément que cette production finisse par avoir des airs de Coen Brothers, celui-ci ayant incarné Delmar dans O'Brother. Certes il n'atteint pas leur excellence, mais tout un tas de petites choses viennent se placer ci et là, rappelant Fargo, notamment dans sa façon de passer du coq à l'âne, situations burlesques étant brusquement tranchées par des accès de violence (et en plus, y'a des Juifs !).

Bref, Escrocs en herbe est un produit amplement satisfaisant qui sait comment se développer et distiller les genres sans non plus virer au foutoire total. Certains passages de fumette auraient pu être évités, mais heureusement cette partie est très largement laissée de côté afin d'éviter toute ressemblance avec Pineapple Express.
Techniquement il n'y aura pas grand chose à redire, les plans associant les deux Norton étant crédibles, bien que quelque fois d'autres faiblissent, dont un tête à tête où une légère différence de contraste se fait ressentir.
Pour conclure, les fans de Norton auront le plaisir de retrouver l'acteur en grande forme, et dans deux rôles. Mixtes dans ses situations, il pourra aussi bien satisfaire qu'il pourra décevoir, ses contre-pieds risquant de déstabiliser le spectateur peu familier/friand de ce genre de procédé.
Mention spéciale pour Edward Norton, qui réussit à se montrer crédible dans chacune des peaux qu'il incarne. Le frère coincé colle mieux à son physique, mais les incessantes critiques que les deux s'envoient sont toujours servies avec talent, font mouche, et surtout sont pertinentes.
SlashersHouse
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le 4 nov. 2011

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