La rencontre du cinéma, et cet étrange faisceau de lumière.

Empire of Light semble être un hommage à la magie du cinéma, ces portes qui s'ouvrent, et qui offrent un moment de lumière et d'évasion, loin d'un quotidien parfois sombre et sans éclat, où rien ne serait jamais parfait. Partir et découvrir cette joie partagée, comme un pouvoir de guérison, le temps d'un instant, au milieu de ces coulisses, ce beau tapis rouge et de tous ces détails techniques, dans ce magnifique palais, un empire qui fait face à des promeneurs d'un jour, quelque part sur cette côte anglaise, dans les années 80, une période de grands bouleversements politiques et raciaux.

Dans ce film, Sam Mendes a su apporter une certaine créativité, malgré les thèmes abordés, à la fois dans sa photographie qui impressionne, mais aussi par ces touches de piano, qui font naître une émotion montante, cette atmosphère mélancolique et magique, dans ce grand cinéma un peu seul, oublié, qui tente de retrouver son âge d'or. Une intrigue parmi tous ces personnages et leurs motivations communes, à vouloir revivre ces grands moment d'antan, le glamour d'un passé glorieux, comme un présent plus grand que le mal d'une vie, qui les lie tous pour certain, par sa musique, sa culture pop, mais aussi tous ses films.

Des questions et des thèmes complexes qui fusionnent quand tous semblent isolés. C'est alors une histoire qui prend forme et qui illumine le ciel du dessein de toutes ces petites connexions humaines.

Un long métrage poignant et réussi, avec une distribution excellente, notamment Olivia Colman ( Hilary ), toujours aussi brillante, en femme au passé compliqué, insensible au monde qui l'entoure, se laissant même abusé sexuellement par Donald, Colin Firth, dans le rôle d'un patron sans scrupules, exploitant sa fragile santé mentale.

Pourtant, malgré ces sombres pensées, Hilary comme tous ce groupes d'employés, continue de vivre, d'espérer, et d'aimer, quand soudain le jeune et enthousiaste Stephen ( Micheal Ward ), dans une interprétation à la hauteur du personnage, apparaît sous ses yeux. Hilary se laisse inspirer par l'envie d'être heureuse, elle qui ne souriait plus. C'est dans son regard qu'elle ose encore se voir, un amour étrange, qui doit rester discret, un soleil venu caresser les larmes d'une fleur qui souffrait d'être malade, sans remède. Deux êtres qui se rencontrent pour un peu de chaleur, et de réconfort l'un pour l'autre, développant ce sentiment d'appartenance à travers leurs relations improbables mais tendres, qui élèvent l'ensemble de l'œuvre

Sam Mendes cherche à mélanger les traumatismes et la compassion chez Stephen, qui s'éloigne de la ville et de ses études, pensant croire échapper à cet air de haine, un racisme qui reprend des couleurs, pour un combat, celui de la dignité humaine. Mais aussi chez Hilary, absente de tout, poursuivie par d'autres démons intérieurs, ces hommes qui l'étouffent, qu'elle tient en horreur, des dépressions et des rechutes, pour un état émotionnel instable.

Ce sont toutes ces blessures, qui les rapprochent, qui créent cette singulière alchimie amoureuse, un cœur qui n'attendait que d'être deux pour enfin fuir ces ténèbres, de nouveau sourire, s'enlacer, voyager à travers cette septième porte, pour d'autre poésies, toujours ensemble.

Toutes ces idées avancées, auraient pu être décevantes, voire inexplicables. Néanmoins pour ma part, elles fonctionnent. Peut-être la magie du cinéma, ou bien tous ces excellents acteurs. Un film, celui de Sam Mendes, et sa ligne d'horizon personnelle, sur sa mémoire, son histoire, celle d'un amour du 7è Art.

Magelan89
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le 2 mars 2023

Modifiée

le 1 mars 2023

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Magelan89

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