Ainsi font font-font, les Petites Entremetteuses

Emma Woodhouse, une jeune fille de bonne famille anglaise, s’ennuie dans sa grande demeure avec son père hypocondriaque. Du coup, lorsque sa gouvernante, Miss Taylor, la quitte pour épouser son voisin, Mr. Weston, la jeune fille s’imagine que c’est grâce à ses talents d’entremetteuse que la chose se fait. Elle décide alors de retenter l’expérience avec l’orpheline, Harriet Smith, qui est sous sa protection, et avec la complicité plus ou moins consentante de son ami, Mr. Knightley.


J’ai toujours beaucoup apprécié le travail de Jane Austen, qui écrit, pour moi, avant tout des livres sociaux et non des romans d’amour. Malheureusement, j’avoue que je n’ai jamais été énormément tentée, après Orgueil et Préjugés et Raisons et Sentiments, à poursuivre la lecture du reste de ses œuvres. Pourquoi ? Et bien, parce que, si Orgueil et Préjugés reste son œuvre fard de part son universalité intemporelle, Raisons et Sentiments était déjà un peu plus compliqué à lire, notamment parce que les blagues sont drôles quand on comprend le contexte de l’époque. Et, malgré mes recherches, je ne connais pas entièrement la régence. Donc quand on m’a conseillé son troisième plus connu, Emma, et qu’on m’a expliqué que c’était l’histoire d’une idiote vaniteuse qui mettait le bazar plus qu’autre chose (et qu’il y avait deux fois plus de personnages que dans les deux premiers livres réunis), j’ai eu quelques sueurs froides. Comme en plus, je commençais déjà à rentrer dans le cercle vicieux des fans qui se battent pour connaître quelle est la meilleure adaptation de telle ou telle œuvre, ou quel est l’acteur le plus sexy qui joue un personnage de l’œuvre de Jane Austen, etc.… disons que j’ai fui pour ma santé mentale.
Mais, quand j’ai appris qu’Anya Taylor-Joy (une de mes actrices montantes préférées) allait apparaître dans une énième adaptation d’Emma, j’ai sauté sur l’occasion, surtout après avoir vu des extraits qui m’avaient fait mourir de rire.
Et franchement, le film est tellement bon qu’il m’a donné envie de lire non seulement Emma (logique, hein !) mais aussi Mansfield Park, Northanger Abbey et Persuasion (on verra plus tard pour tous les romans inachevés).


Mais commençons par le point négatif : la musique est peut-être le truc qui gâcherait un peu le film. Ils ont eu la bonne idée d’utiliser des chants d’opéra pour souligner le côté burlesque et vaudevillien du film mais de temps en temps, on a le droit à des chants typiques de la régence et… ça gâche un peu le propos. Surtout parce que les paroles n’ont pas souvent de rapport avec ce qu’il y a à l’écran.
Passons maintenant aux points positifs : le film est servi par une distribution d’acteurs délicieuse. Tous sont à peu prêt connus (dans le sens où j’ai dû les voir au moins une fois dans une production britannique), même si je ne connais pas leurs noms. Tous jouent délicieusement bien.
Ensuite, les décors et les costumes ! Mamma mia ! Ils sont juste dingues d’authenticité. Oh, et je ne sais pas quel chef cuistot ils ont dégoté pour faire les plats mais tous m’ont donné faim ! En plus, tous ces petits éléments sont sublimés par une superbe photographie qui met en valeur chaque couleur pour leur donner une teinte pétante, un peu comme si les protagonistes vivaient dans un conte de fées.
Le scénario, par contre, est un peu plus compliqué à critiquer dans la mesure où je n’ai pas lu le livre dont il est inspiré. Néanmoins, ce que je peux dire c’est qu’il réussit à ne jamais créer un moment de repos et enchaîne les évènements à la perfection. Austen jonglait avec différentes sous-intrigues avec maestria et, s’il y a quelque chose qui est toujours compliqué à retransmettre dans ses adaptations, c’est bien cet effet de jonglerie, probablement parce que 1) toutes les actions secondaires sont importantes, 2) il faut quand même les élaguer un peu mais pas trop non plus, sinon elles font très survolées et donc inintéressantes. Là, vraiment, j’ai l’impression qu’ils ont réussi à bien condenser le bouquin et qu’ils ont en plus pu rajouter des détails bienvenus. Mais je ne peux le jurer.
Par compte, ce qui est le véritable tour de force du film est sa mise en scène. Autumn de Wilde, la réalisatrice, insuffle une énergie bienvenue, en mélangeant un humour très britannique (et digne d’Austen) et un dynamisme assez moderne. La réalisation alterne avec les plans américains et des gros plans, tout en cadrant parfaitement bien ou en coupant en deux les protagonistes de manière forcée, pour rappeler leur différence de statut et de valeurs. C’est définitivement une réalisatrice que j’aimerais continuer à suivre dans les années à venir !
C’est un pur plaisir à regarder et ça fait toujours du bien de voir les livres de Jane Austen, de temps en temps, être bien adapté (ou de ne pas voir une énième ersatz d’Orgueil et Préjugés, j’adore le livre mais j’en ai un peu marre de toutes ces adaptations !). A aller regarder, qu’on soit fan de Jane Austen ou pas.

RaphaëleMartinat
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Créée

le 21 août 2020

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