Réalisés et interprétés par le brésilien José Mojica Marins, A Minuit J'emporterai ton Âme (1964) et Cette nuit, je m'incarnerai dans ton cadavre (1967) introduisaient Zé do Caixão (Coffin Joe, pour les anglophones), croque mort hallucinant et halluciné, blasphémant à la face des spectateurs brésiliens, à l'époque absolument scandalisés par ce personnage haut en couleur.

Il suffit de parcourir rapidement les sites qui lui sont consacrés pour se rendre compte que José Mojica Marins est tout aussi fêlé que son personnage, n'hésitant pas à enterrer vivants ses acteurs ou à leur faire passer des tests de courage afin de savoir s'ils auront le cran de tourner dans ses films. Rumeurs fondées ou pas, tout cela participe à la création d'une aura mystérieuse et effrayante planant autour de l'auteur aux ongles longs.

Après avoir réalisé une tripotée de films d'horreur et/ou déviants (on lui doit un film sur l'enfer de la drogue, banni au Brésil durant 18 ans), il met un terme à sa carrière de réalisateur en 1987. Ce n'est qu'en 2006 qu'il entame le tournage du dernier film de la trilogie Coffin Joe, 39 ans après l'épisode précédent. Les temps ont changés, et José Mojica Marins remet au goût du jour un script qu'il avait rédigé à l'époque... On y découvre un Zé do Caixão croulant en prison depuis 40 ans et arrivant à la fin de sa peine, prêt à ré-intégrer la vie en société... C'est dans un univers transformé, une favelas contrôlée par les gangs et des flics brutaux, que Zé va poursuivre sa quête: trouver une femme pour perpétuer sa lignée...

Encarnação do Demônio est une véritable petite pépite, un véritable film d'horreur, moderne dans la forme mais lorgnant vers les années 60 dans le fond, en bien plus osé visuellement et thématiquement.
Encarnação do Demônio propose un spectacle macabre et blasphématoire, bourré de séquences hallucinantes, semblant parfois sortir d'un Fulci sous acide, et porté par un Coffin Joe théâtral et grand guignolesque, interprété par un Marins au meilleur de sa forme !
Même s'il présente quelques petits défauts, au niveau des transitions entre les scènes ou du jeu de certains acteurs, Embodiment of Evil fait parti de ces films à qui on pardonne tout tant ils nous semblent sincères et réalisés avec les tripes.

A 73 ans, José Mojito Marins fait la nique aux torture-flicks pour djeunz grâce à son film délicieusement macabre et bourré de scènes Fulci-Style, à la limite du "gore-poétique" (certains passages m'ont également fait penser au Dellamorte Dellamore de Soavi) et propose une métaphore de la censure intelligente, via son personnage de Coffin Joe, traqué par la police et l'Église... Mais "les images sont immortelles" et Zé do Caixão, même traqué, continuera à hanter les cauchemars des fanatiques de cinéma horrifique !
Mighty-Forest
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le 2 août 2011

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