L'exo-réalisateur Blomkamp
"Elysium", imaginant la période post-effondrement de la civilisation mondialisée qu'est l'Occident dominateur, met en perspective la nature humaine sur fond de combat pour la survie. Si la Terre semble pillée de ses ressources, et l'équilibre des richesses et des opportunités demeurant une douce illusion, "Elysium" met en scène ce que le monde, dans un futur alternatif, peut devenir. Si ce film est en apparence un pur produit de science-fiction, sa sève demeure en réalité en une cruelle dénonciation de notre présent et du futur que cela va engendrer.
Si la civilisation telle que nous la connaissons semble éteinte en 2154, et que l'idéal d'un environnement sain a sauté par la fenêtre, les hommes semblent reproduisent les mêmes schémas qui ont couru à la perte des civilisations précédentes. À l'image de la France en 1788, où l'extrême minorité vivant dans le faste privait la grande majorité de la population de la richesse du pays, alors que la rage grondait et les récoltes étaient mauvaises, Elysium incarne une civilisation de faste au crépuscule de son apogée, mais qui ne sent pas son effondrement venir, pourtant rendu inévitable par la révolte des peuples.
"Elysium" retentit comme un véritable signal d'alarme délivré par Blomkamp, mettant en exergue ce qui nous mène à notre perte (inégalités sociales flagrantes, privation de soins, indécence de la richesse quand la majorité souffre continuellement...); autant d'indicateurs qui ne peuvent que mener à un effondrement de civilisation. En ce sens, si Blomkamp semble s'être attaché des codes d'Hollywood, ceux-ci ne sont qu'une arme de dénonciation massive pour un réalisateur sud-africain (où la réalité d'Elysium s'applique parfaitement: un microcosme richissime face au reste du peuple vivant dans une pauvreté extrême) se servant de son oeuvre et des moyens d'Hollywood pour dénoncer ce que nous refusons de voir.