Nouveau film du Sud-Africain Neil Blomkamp, Elysium peut se résumer ainsi : Vous avez aimé District 9 ? Et bien Elysium c'est pareil mais en moins bien. Vous n'avez pas aimé District 9? Et bien Elysium c'est pareil mais en pire.

On retrouve donc cette science-fiction crasseuse avec des favelas surpeuplées et poussiéreuses, des endroits qui puent instantanément la misère et la faim. Cette fois-ci plus d'extra-terrestre mais des humains pauvres abandonnés par une caste dirigeante partie vivre sur une station orbitale, Elysium donc, dans laquelle les joueurs de Mass Effect reconnaîtront la Citadelle. On retrouve le scénario construit de la même façon, avec un héros dont la contamination le forcera à brusquer le destin et à exploser des gens avec des armes futuristes délirantes.
Le début d'Elysium fonctionne plutôt bien, l'univers mis en place est crédible grâce à une direction artistique très chouette et le personnage principal de petite frappe est assez attachant, surtout qu'il va s'en prendre plein la tronche tout du long. Dommage que Matt Damon l'interprète aussi platement.

Mais une fois que l'intrigue démarre vraiment tout s'écroule car toutes les règles mises en place pendant la première demie-heure sont bafouées ou oubliées au gré de rebondissements poussifs et parfois complètements idiots. Il y a ces droïdes de sécurité qui n'interviendront jamais malgré le bordel et les morts créé par les personnages dans Elysium... et il y a surtout ce plan débile de Jodie Foster pour prendre le pouvoir, alors même qu'on nous apprend plus tard qu'elle pouvait le prendre de toute façon de façon bien moins risquée. Et puis si la performance de Sharlto Copley en bad guy est assez réjouissante (cet accent !) son personnage ne sert à rien d'autre qu'à créer artificiellement des situations de conflit pour justifier des scènes d'action sans intérêt.

En effet lorsque Neil Blomkamp fait basculer son film dans le registre de l'action c'est laid, illisible et sans intérêt. District 9 avait pour lui une inventivité et un aspect jubilatoire dans les scènes d'action qui est complètement absent ici. Bien sûr il y a toujours des armes à feu complètement frappadingue mais la mise en scène brouillonne (mon dieu ces abominables plans façon TPS ! ) et le montage hystérique gâchent tout. Il n'y a aucune tension, aucune ampleur, juste du bruit, des images incompréhensibles et des cadavres charcutés dans des plans de moins d'une seconde. Le pire de la caméra à l'épaule côtoie des ralentis mal utilisés et parfois carrément putassiers. Derrière l'envie, un peu gratuite, de nous montrer un ninja de l'espace en exo-squelette le film tente de nous parler de l'accès aux soins des plus démunis. Il juge bon de focaliser les enjeux sur une sous-intrigue larmoyante à base de petite fille leucémique en phase terminale. Procédé lourd surtout que le désespoir des boat-people de l'espace en début de métrage était suffisant et autrement plus poignant.

Il y avait dans District 9 une mise en abîme de l'apartheid bien vue cachée dans un films résolument série B dans l'esprit cradingue et l'approche caustique des personnages. Avec Elysium on retrouve ce mélange mais avec une approche bien plus grave et beaucoup moins cohérente. Le second long-métrage de Neil Blomkamp possède un capital sympathie indéniable avec sa Terre sale et morbide, son casting multi-nationalité et son environnement technologique inspiré et bien crédibilisé par des effets spéciaux réussis. Mais le scénario bête et la mise en scène laide peinent à exploiter correctement tout cela. Reste un film qui se cherche et qui se perd, un produit tournant à vide.
Bien que sorti 4 ans après, avec un budget triple, Elysium ressemble pourtant à un brouillon mal dégrossi de District 9. En seulement 2 films Blomkamp est déjà en mode recyclage sans inspiration, a t'on déjà atteint ses limites de cinéaste ou bien est-ce la pression du projet (gros budget, grosse star) qui l'a étouffé ? La réponse sera dans son prochain film, qu'on espère plus ambitieux et surtout plus maîtrisé.
Vnr-Herzog
4
Écrit par

Créée

le 28 août 2013

Modifiée

le 28 août 2013

Critique lue 3.2K fois

83 j'aime

13 commentaires

Critique lue 3.2K fois

83
13

D'autres avis sur Elysium

Elysium
Fraeez
3

District 9 à Hollywood.

- Allo, Neill Blomkamp ? - Lui-même. - Bonjour, ici Jean-Roger d'Univerdaube Pictures Production. Dites, c'était vachement bien ce que vous avez fait dans votre dernier film là, Diptyque 9, surtout...

le 15 août 2013

162 j'aime

22

Elysium
Vnr-Herzog
4

Neil Blomkamp sur ses positions

Nouveau film du Sud-Africain Neil Blomkamp, Elysium peut se résumer ainsi : Vous avez aimé District 9 ? Et bien Elysium c'est pareil mais en moins bien. Vous n'avez pas aimé District 9? Et bien...

le 28 août 2013

83 j'aime

13

Elysium
Alexis_Bourdesien
3

Un film qui sent la crevette

(critique dégueulasse à réécrire) C’est à reculons je dois bien l’avouer que je me lance dans ma critique de la semaine, qui est consacrée à une de mes déceptions de l’année, notre cher Elysium qui...

le 27 août 2013

72 j'aime

29

Du même critique

Le Bon, la Brute et le Truand
Vnr-Herzog
10

Citizen Kane ? Mon Cul !

Pourquoi ce titre provocateur ? Tout simplement parce que le film de Welles arrive systématiquement en tête de n'importe quel classement des meilleurs films de l'histoire du Cinéma lorsqu'ils sont...

le 12 déc. 2010

503 j'aime

86

Cowboy Bebop
Vnr-Herzog
10

Doux, dur et dingue

Oubliez tout ce que vous savez sur la japanimation (surtout si vous vous appelez Éric Zemmour), oubliez tout ce que vous savez des dessins-animés en général car "Cowboy Bebop" est une série tout à...

le 9 janv. 2011

404 j'aime

37