Elysium, s’il est fait par le réalisateur acclamé de District 9, semble avoir voulu pour sa nouvelle progéniture proposer quelque chose de différent, même s’il reste — pour notre plus grand bonheur théorique — dans la science fiction, du moins pour le décor.

Car oui, Elysium est plus un film d’action — un bête film d’action — un très bête — un très con (inception) film d’action — qui prend place dans un univers futuriste qu’un film de science fiction avec des enjeux et tout.

Dans cet univers futuriste donc, il y a la terre, un champ de ruines, et Elysium, une sorte de station spatiale gigantesque — un truc qui ressemble vaguement à un halo, ou à la citadelle de Mass effect (d’où le titre de la critique, tavu) — construite pour les riches qui ont fui la terre quand celle-ci s’est mise à devenir à peu près invivable (non, pas au Moyen-Âge, au XXIe siècle figure toi). Seuls les « citoyens » sont admis à Elysium, mais ils peuvent y être guéris de tout. Pour le reste, c’est Beverly Hills dans un vaisseau. Le bonheur quoi.

C’est dans ce contexte que se déroule l’aventure, celle où Max (Matt Damon) doit faire plein de trucs dangereux, voire insensés, voire complètement débiles, et de manière à la fois courageuse et complètement dépourvue de tout intérêt pour remonter une pente qui devient sacrément glissante pour lui au fur et à mesure que le film avance.

Et puis il y a la ministre de la défense d’Elysium, une vilaine petite pute (Jodie Foster) qui veut renverser le gouvernement et le président. Bon, faut dire aussi, le mec s’appelle Patel. Tu m’étonnes qu’elle veuille le foutre dehors. Elle, elle parle français et tout, alors un foutu indien, tu parles d’une crédibilité au niveau galactique ! Pour ce faire, elle passe un deal avec le mec qui a développé (tout seul) le système de protection et de gestion de la station. Et ce type, il trouve rien de mieux à faire que s’en aller tout seul sur terre pour y faire ses conneries, pépère (mais quand même, il prévoit de protéger les données du deal, tu sais pas pourquoi, mais tu comprends que sans ça, ils auraient carrément galéré pour avoir un scénario qui dépasse les douze minutes). Rassurez-vous, de toutes façons, au fond, elle sert à rien.

Et c’est à peu près là que se met en route le génie d’Elysium : malgré quelques trouvailles de caméra et un visuel d’ensemble relativement classe, l’histoire semble pouvoir enchaîner à l’infini avec une énergie considérable tout un tas de scènes et de retournements de situation absurdes et incohérents, inconséquents et stupides. Elle (l’histoire) est bien aidée par Max, le héros au grand coeur schizophrène (ce n’était pas forcément voulu à la base je pense), capable de se comporter comme un sale con égoïste devant une enfant avant de faire tout l’inverse quelques minutes plus tard (oui oui oui, quelques minutes plus tard, et tout ceci sans spoil mesdames et messieurs).

Il faut ajouter à ça un méchant boiteux pas si méchant, un méchant méchant avec un accent anglo-russe du plus bel effet mais un rôle ridicule et une personnalité dont la vacuité dépasse facile celle de l’espace tout entier. Rassurez-vous, de toutes façons, au fond, ils ne servent à rien.
Il ne faut pas oublier cette technologie qu’on dirait fun et originale, mais qui, à géométrie variable, se trouve capable de détecter des vaisseaux et de les anéantir quand ça l’arrange, puis plus capable de rien, (ou alors capable mais si y’a pas de ministre derrière son PC, on peut rien faire contre, alors qu’un drone à demi moisi pourra identifier Max de dos, derrière un arbre — et dans le brouillard). Et puis aussi des trucs qui surviennent on sait pas trop pourquoi ni comment. Des enchaînements et des imbriquements d’intrigue sans queue ni tête. Des passages inutiles. Des scènes d’action décevantes.
Pire, Elysium, dont les habitants (les riches, on le sait parce qu’ils ont des maisons avec des escaliers et des colonnes et aussi parce qu’ils ont le mot « riche » tatoué sur la gueule, au moins on est sur tu vois) semblent bien haïr la terre, mais continuent d’avoir besoin d’elle pour l’exploiter et rester méchants méchants méchants, peut bloquer tout l’internet mondial d’un clic de souris, mais elle ne le fait que cinq minutes parce que sinon tu comprends, c’est pas drôle.

Au final, le plus fort, c’est Max, le type qui se fait baiser deux fois par la même technique de bouclier à la con, et qui vide un chargeur complet pour le plaisir des particules à l’écran (oui, à ce moment là, le spectateur se fait chier et c’est pas trois particules colorées qui vont lui redonner le sourire), et celui de prendre des mites dans la tête.


Si on enlève cette histoire pourrie qui ferait passer Prometheus pour un chef d’oeuvre de vraisemblance, il ne reste qu’un univers assez intéressant bien que trop peu travaillé et qui aurait gagné à être développé un peu plus que pendant les quatre premières minutes et des explosions humaines rigolotes.

Neil Blonkamp devrait fouetter son scénariste avec le truc qu’ils foutent dans la bouche de Max vers la fin jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Bon visionnage !

Créée

le 12 janv. 2014

Modifiée

le 7 janv. 2014

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hillson

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