Le colonel Parker raconte comment il a rencontré Elvis Presley et a créé le personnage de A à Z.

Baz Luhrmann est quelque peu un amoureux de la musique. Cela transparaît dans toute sa filmographie et il était plus que temps qu’il se lance dans un biopic de cette ampleur. Il semblerait que le projet ait été compliqué à développer, notamment à cause des acteurs qui ont souvent changé et des fonds qui n’étaient jamais suffisants. Et quand on voit le résultat on comprend sans aucun problème pourquoi il en fallait du pognon.

Dans une mise en scène extrêmement rythmée et très maitrisée, Luhrmann nous raconte les débuts d’Elvis Presley, sa carrière et sa chute. C’est très bien fait et, si au début on pouvait craindre que la voix narrative du colonel Parker soit source de problème, Luhrmann arrive facilement à nous montrer la personnalité ambiguë de Parker et ses rapports avec le King. Je ne sais pas trop si c’est une volonté du réalisateur de rendre le regard de Parker biaisé mais si le sex appeal de Presley est bien représenté (notamment avec la performance de l’acteur, Austin Butler, hypnotique dans le rôle), sa part la plus sombre est facilement gommée.

Cela concerne plus sa relation avec sa femme, Priscilla (qu’il a quand même rencontré quand elle avait quatorze ans, et qu’il n’épousa que par pression de l'entourage), que de sa consommation d’alcool et de drogues. La partie autour de Priscilla est d’autant plus mal représentée que cette dernière a joué les consultantes sur le film ! Résumer ainsi sa relation et notamment sa rupture à un banal cliché de « la femme de l’artiste qui l’aime pour lui-même mais, le perdant pour la drogue, finit par le quitter, exténuée » est très frustrant. Il est très probable que cette vision a été validée ou présentée par Priscilla Presley en personne, mais il n'en demeure pas moins que je trouve cela réducteur. D’autant plus que son autre grande part sombre est plus traitée comme ce qu’elle était, à savoir une tragédie (le King est quand même mort d’une overdose de médicaments).

L’autre petit problème que je relèverai est la musique : si le film sait à la perfection nous montrer l’impact d’Elvis Presley sur la musique moderne (et l’impact de la culture afro-américaine sur Elvis), Luhrmann prend le parti à plusieurs reprises de nous mettre de la musique ultra moderne… qui n’a malheureusement pas beaucoup de rapports avec le King. En fait, c’est pire ! Les liens entre Presley et le rap, le hip-hop ou encore le RnB sont trop flous pour qu’on puisse brièvement les comprendre en une minute trente de diffusion. Un vilain défaut que Luhrmann a depuis *Gatsby* et qui ne fonctionne pas à mes yeux. Si encore on avait des chanteurs modernes qui *reprenaient* sa musique dans un style de l’époque, je pourrais comprendre mais sinon…

Hormis ça, c’est un sacré tour de force que le Luhrmann nous a fait là et j’invite sincèrement ceux qui ne l’ont pas encore vu à se précipiter en salles pour le découvrir. La qualité du son et de l’image est telle qu’il vaut profiter au moins une fois d’un visionnage en salle pour comprendre toute la beauté du film !

Créée

le 3 août 2022

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