La bande annonce de Elle vue il y a quelques mois m'avait laissé franchement perplexe. Paul Verhoeven fait un film en France avec des acteurs français, Isabelle Huppert prend la suite de Sharon Stone, Elisabeth Berkley et Carice Van Houten en héroïne Verhoevienne. Et il y a Virginie Efira. Autant de préjugés qui disparaissent très vite devant les évidences : le hollandais n'a rien perdu de sa verve et de sa maîtrise.


On se demande d'abord si on assiste à un film sous influence, entre suspens Hitchcockien et chronique Chabrolienne. Mais à l'image de Black Book (que j'ai découvert tout récemment), Verhoeven déjoue les attentes du spectateur, déplace soigneusement les enjeux en pointant le curseur sur les ambiguïtés et les perversions de ses personnages. Elle devient alors un jouissif jeu de chasse, à la fois très drôle et constamment inconfortable, de ceux à qui il est impossible de rendre justice en le racontant. Parce qu'il repose sur une narration trop dense pour être résumée, des interprètes subtils et la subversion toute cinématographique du Hollandais.


Et si j'avais de grosses réserves sur le choix d'Isabelle Huppert, là aussi il faut se rendre à l'évidence : elle est l'interprète parfaite du trouble, de l'opacité que Verhoeven aime tant, hors des conventions. C'est d'ailleurs si évident que ça en parait cliché, mais chaque partie semble se nourrir de l'autre. Le même sentiment concernant Huppert m'avait saisi sur L'avenir. De Basic Instinct à Elle, sans oublier Showgirls, Verhoeven a conservé ce culte des héroïnes fortes et vénéneuses comme celui de la provocation. Elle en est la parfaite synthèse.

Shivonne
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le 5 juin 2016

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