The Queen's sketch

Le regretté réalisateur de ‘Coup de foudre à Notting Hill’ n’aura jamais été aussi présent sur les écrans de cinéma depuis son décès en septembre 2021. Après la délicieuse et très réussie comédie ‘The Duke’ sorti il y a quelques mois, le metteur en scène britannique nous reviens avec un assez étonnant portrait de la souveraine Elizabeth II.

Loin d’être un portrait hagiographique, il s’agit davantage d’un patchwork de la reine fait avec une certaine dérision et insolence. Le film est construit en parties, tantôt thématique, tantôt chronologiques. On y traite pêlemêle de l’étiquette, de la fameuse ‘Annus horribilis’, de ses débuts, de ses voyages, de ses liens avec les politiques. Le portrait n’est pas exhaustif, Michell a su choisir les bons moments. C’est un peu l’anti-Ennio. Guiseppe Tornatore avait réalisé un documentaire (trop) fleuve qui durait 2h30 ! Là le film dure 1h30 et c’est largement suffisant. En découle un portrait complet de la reine. On la découvre drôle et snob, fidèle et dure, froide et proche des autres.

Mais il ne s’agit pas d’un simple document patriotique. Le film est bourré d’humeur, et d’irrévérence. La reine n’en sort pas tout à fait indemne. On est un peu comme dans les films de Stephen Frears quand il fait le portrait de reine comme ‘The Queen’ ou ‘Confident royal’. Roger Michell ne se moque pas avec méchanceté de la reine mais se moque des aspects archaïques de la monarchie grâce à d’habiles inserts. Il utilise entre autres des extraits de film, comme le ‘Cléopâtre’ de Mankiewicz pour moquez le faste excessivement clinquant de certaines processions ou comme certains films de David Lean pour rire de l’aspect parfois colonialiste du régime.

De ce patchwork ressort un portrait en creux de l’Angleterre. On voit les différentes périodes de la vie du pays pendant le règne d’Elizabeth II. On passe du Commonwealth à la Beatles mania, de la guerre à la Diana mania. On voit l’évolution de l’attachement des Anglais à leur reine. Adulée pour sa capacité à souder la nation aujourd’hui, les Britanniques lui reprochèrent son absence et sa froideur à la mort de Diana. On y voit également l’évolution de la vie politique anglaise, la reine ayant connu foule de premiers ministres, de Winston Churchill à Theresa May, de Margaret Thatcher à Boris Johnson. La reine souligne d’ailleurs, non sans malice, qu’elle n’a connue certains premiers ministres que très peu de temps.

‘Elizabeth, Regard(s) singulier(s)’ est donc un drôle de portrait entre élégance et irrévérence. Un portrait très british en somme !