Avec cette Deuxième Partie, Denis Villeneuve offre à sa vision de Dune un prolongement impressionnant.

En extirpant et remodelant l’essence cinématographique du roman de Franck Herbert réputé inadaptable, le réalisateur canadien construit minutieusement une grande fresque fantastique, intelligente, riche et dense, aux enjeux complexes mais compréhensibles.

Visuellement splendide et fort d’une photographie à couper le souffle, son Dune éblouit et fascine, développant sa propre imagerie SF et un univers cohérent, singulier et unique comme on en n’a plus vu au cinéma depuis très longtemps (peut-être depuis Star Wars?)

Des décors grandioses, la musique vrombissante de Zimmer, une signature sonore unique, Dune est une expérience sensorielle magistrale portée par la mise en scène précise, ample et inventive de Villeneuve. Un peu moins contemplative que dans le premier volet, elle sublime des scènes de combats épiques, nous fait croire à des chevauchés à dos de vers des sables et nous plonge sans crier gare dans un magnifique noir et blanc le temps d’une scène de jeux du cirque qui révèle un nouveau personnage stupéfiant et terrifiant incarné par Austin Butler.

Le scénario soigne et renforce la mythologie introduite par Villeneuve dans la première partie. L’épopée messianique et vengeresse de Paul prend une autre ampleur alors que le personnage commence à rallier à sa cause certains Fremen et à effrayer ses ennemis qui le pensaient mort. Est-il l’élu, est-il Lisan al-gaîb, comme le répète frénétiquement Stilgar (Javier Bardem)?

La dimension religieuse et politique de Dune 2 est encore plus affirmée que dans la première partie. Paul refuse d’endosser le costume de Messie mais se sert de l’espoir qu’il suscite pour construire une armée qui renversera les Harkonnen. Finit-il aussi par y croire lui-même? Et quelle place cela laisse-t-il à l’amour?

La grande force de la mise en scène de Villeneuve est de parvenir à trouver l’équilibre entre ces sujets intimes et les époustouflantes scènes d’action. L’épatante précision de sa réalisation fait qu’il ne filme jamais rien d’inutile, ne fait jamais le plan de trop, offrant à son film une fluidité qui pouvait paraitre peu évidente au regard de la complexité du scénario.

Dune renforce en outre le star power un peu inattendu du frêle Timothée Chalamet, pas loin d’avoir constitué jusqu’ici une filmographie sans faute de goût entre blockbusters intelligents et cinéma indépendant.

Avec son diptyque, Denis Villeneuve crée le space opéra d’auteur, un grand divertissement populaire mais néanmoins exigeant. Après Blade Runner 2049 et Premier Contact (meilleur film SF du 21ème siècle, pour rappel), Denis Villeneuve s’affirme un peu plus comme le nouveau maître du cinéma fantastique. Dune : deuxième partie en est l’éclatante démonstration.

Créée

le 18 mars 2024

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