J’ai l’impression que tout a déjà été dit sur ce film, donc vous êtes prévenus : ceci n’est pas une critique… ce qui n’empêche pas que j’ai quand même des choses à dire !

Je suis retourné voir Dune - Deuxième partie au cinéma, ce qui de mémoire ne m’étais pas arrivé… depuis Le Monde de Nemo, soit il y a près de 20 ans ! C’est vous dire à quel point j’adore ce film, que je considère déjà comme un chef-d’œuvre. Mot qui a malheureusement pas mal perdu de sens vu que beaucoup l’utilise à tort et à travers, à tel point que quand un véritable chef-d’œuvre survient, il n’est finalement pas reconnu à sa juste valeur.

L’époque des grands blockbusters des années 1990 et des années 2000 a laissé place aux marvelleries, à Disney et à ses reboots foireux. Résultat : les gros studios cherchent avant tout à capter la nostalgie des gens, et à proposer des univers de plus en plus douteux, croyant qu’on peut appliquer la sauce marvel à tout et n’importe quoi.

Dès lors, il faut le dire, avec ces deux derniers films Denis Villeneuve atomise le paysage du blockbuster de plus en plus sinistré ces dernières années. Jugez plutôt : dans le sondage sur les meilleurs blockbusters de Sens Critique, sur 100 films, PAS UN SEUL film de ces cinq dernières années n’est présent !

Dans une décennie, combien de films de l’ampleur de Dune - Deuxième partie pourrez-vous voir au cinéma ?

2 ?

3 ?

Combien d’univers de fiction aussi bien retranscrit à l’écran ?

Combien de film aussi spectaculaire ?

Combien de film où le son fait littéralement vibrer la salle ?

La richesse du propos ! Du contenu ! On pourrait écrire une thèse rien que sur la façon dont l'eau est traitée.

Je ne vous dis pas que ce film est exempt de défauts, il en a. Mais ne faisons pas la fine bouche. C’est très rare de pouvoir admirer une œuvre aussi complète dans nos salles obscures, autant en profiter tant qu’elle y est projetée.

Ce deuxième visionnage était aussi grandiose que le premier, peut-être même encore meilleur car j’ai pu faire attention à certains détails et voir que le film se tient bien mieux que certaines critiques le prétendent. J’ai en particulier préféré la relation entre Paul et Chani parce que je trouvais lors de mon premier visionnage que le jeu d’actrice de Zendaya était un peu limité.

Avant Denis Villeneuve, Dune ne m’intéressait absolument pas. L’œuvre est réputée difficile à lire, et je n’aime pas du tout l’adaptation de David Lynch. Pour moi, le space opera c’était d’abord Star Wars.

Maintenant, je crois que je suis fan de cet univers. J’attends le prochain film comme le Messie, et j’ai bien envie de me plonger dans les romans. Et le space opera, n’en déplaise à certains, c’est Dune. C’est Fondation. Le reste, ça vient après.

Il est important de rendre à César ce qui est à César : il y a eu le siècle dernier quelques œuvres littéraires qui ont marqué d’une empreinte indélébile non seulement leur genre, mais souvent bien au-delà. J.R.R. Tolkien, Robert E. Howard, Isaac Asimov, Philip K. Dick, H. P. Lovecraft, etc… et, bien sûr, Frank Herbert. Les autres n’ont pas inventé grand-chose.

Qui a pompé sur Dune ? Sans réfléchir, je pense à des personnes aussi différentes que Georges Lucas et Hajime Isayama. Je ne dis pas que c’est mal, au contraire, ça nous a donné de très bonnes choses. Mais cette adaptation tardive de Dune fait oublier le chemin parcouru.

Alors que le premier film faisait surtout office d’introduction à l’univers, le scénario se révèle véritablement dans le second…

Paul Atreides a des visions de l’avenir, mais elles ne sont que partielles. Il est dans une position difficile, la guerre menace et il n’a pas le choix : ironiquement, c’est Jamis, celui qu’il avait tué lors du combat singulier à la fin du premier, qui le fait basculer du côté non pas obscur, mais de la raison froide. Paul voit tout, il lit l’avenir et peut anticiper : il est imbattable mais devra se salir les mains et prend le risque de perdre la femme qu’il aime.

Parmi toutes les critiques de youtubeurs, il y a un argument que je réfute totalement : c’est celui qui présent Dune comme une œuvre qui n’est pas manichéenne, où les deux camps sont renvoyés dos à dos. Nous serions donc dans une sorte de Game of Thrones de la S-F ? Si Dune et Dune - Deuxième partie partagent avec l’œuvre de George R. R. Martin le goût des intrigues politico-religieuses, ça s’arrête là. Quand bien même peut-on réprouver les actions de Paul, est-ce qu’on peut vraiment se placer dans le camp d’en face ? Est-ce qu’on peut vraiment être du côté des Harkonnen, dont les leaders sont présentés sans aucune nuance et qui tuent littéralement une personne à chaque fois qu’ils apparaissent à l’écran ? Le dilemme ne se pose pas à ce niveau, mais plutôt par exemple au sein des partisans de Paul : là est l’intelligence de Denis Villeneuve, qui a su moderniser l’œuvre de Frank Herbert en ne restant pas collé au bouquin mais en faisant des choix forts, comme celui de montrer des dissensions parmi les Fremen entre ceux qui croient à la prophétie et ceux qui n’y croient pas.

La fin ouverte appelle un troisième et probablement dernier film : Denis Villeneuve a annoncé vouloir faire une pause mais il reviendra. Tout un peuple l’attend.

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le 17 mars 2024

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