Du soleil pour les gueux
7.7
Du soleil pour les gueux

Moyen-métrage de Alain Guiraudie (2001)

Les ounayes sont des animaux ne vivant que sur le Causse au-dessus de Montpellier et dans un film d'Alain Guiraudie "Du Soleil pour les Gueux", c'est-à-dire sont de vrais animaux vivant dans l'imagination de tous ceux qui ont vu ce chef d'œuvre de malice et d'invention.


Nathalie Sanchez est sans doute le seul nom dont je puisse me souvenir et que je peux répéter sans me tromper. Les autres personnages semblent emprunter leur nom et leurs mouvements aux règles et aux mythes sortis des jeux de rôles, Donjon du Dragon ou quelque bande dessinée.


Il y a aussi une boisson magique, des personnages légendaires et un monde-parabole dans lequel Nathalie Sanchez vient de s'engouffrer après avoir enfin vaincu sa peur et avoir pu passer ce petit pont au pied du Causse...


Cette fable dont le jeu d'acteur légèrement décalé donne toute sa vigueur comico-tragique est un miroir enchanté sur notre condition, sur notre désir de liberté et notre difficulté à la saisir. Il y a donc une drôlerie toute particulière qui est souvent la pudeur d'une intelligence un peu désenchantée ou trop lucide, des dialogues en queue de cochon, merveilleux de non-sens, de sens retourné ou de contresens. Des perles, en voici une par un "Chasseur de poursuite" à notre petite coiffeuse idéaliste : "vous apprendrez vite qu'en ce bas monde, les métiers les mieux payés sont rarement les plus utiles".


La mise en scène est une merveille, ces surgissements d'acteur courant comme des fous arrivant de nulle part, cette petite coiffeuse marchant comme une petite fille de 8 ans parce qu'elle n'est certainement pas habillée comme il faut dans ces herbes chatouillantes, ce non-vu final, ces saluts de la main avant de partir pour revenir, etc...


Une merveille dont, à ma connaissance, Guiraudie lui-même n'a pas encore retrouvé le secret mais c'est encore à suivre de près car ce film est trop rare et trop précieux pour ne pas laisser de traces, surtout chez son auteur.

JM2LA
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films français

Créée

le 4 oct. 2015

Critique lue 415 fois

2 j'aime

JM2LA

Écrit par

Critique lue 415 fois

2

D'autres avis sur Du soleil pour les gueux

Du soleil pour les gueux
JanosValuska
8

Le parc aux fantasmes.

Il n’y a je pense pas de cinéma qui me parle plus intimement que celui de Guiraudie, non au sens où je m’y retrouverais beaucoup mais au sens où je me sens en correspondance parfaite avec sa...

le 17 sept. 2014

6 j'aime

Du soleil pour les gueux
MemoryCard64
8

Ounaye, y es-tu ?

Le festival du film français est pour moi l'occasion d'entamer plusieurs filmographies d'auteurs que je ne connais pas, et Alain Guiraudie en fait partie. En terme d'attentes cependant ce réalisateur...

le 9 sept. 2016

2 j'aime

Du soleil pour les gueux
JM2LA
10

Monde miroir et jeu d'rôle

Les ounayes sont des animaux ne vivant que sur le Causse au-dessus de Montpellier et dans un film d'Alain Guiraudie "Du Soleil pour les Gueux", c'est-à-dire sont de vrais animaux vivant dans...

le 4 oct. 2015

2 j'aime

Du même critique

Le ciel est à vous
JM2LA
10

Le plus pur chant du cinéma occupé

Revu récemment le 6 juillet 2011 sur écran d'ordinateur mais surtout le 18 et le 20 mai 2014, en salle. Toute la grandeur du film ne m'est apparue d'ailleurs que sur grand écran... en projection...

le 12 sept. 2015

12 j'aime

Le Plein de super
JM2LA
9

Critique de Le Plein de super par JM2LA

Film masculin au possible, proche de la grossièreté souvent et pourtant porté par la grâce du jeu... Cavalier réussit un pari unique, celui d'une collaboration étroite avec ses acteurs qui, si mes...

le 2 oct. 2015

11 j'aime

Le Fils de Joseph
JM2LA
9

La main de la comédie a retenu celle de la tragédie : miracle. Et le style a suivi la main.

La vraie comédie est-elle évangélique ? C'est ce que semble prouver (ou vouloir montrer) le Fils de Joseph. En quoi ? En résistant à l'appel du meurtre, du règlement de compte. Comment ? Au lieu de...

le 8 mars 2016

10 j'aime

1