Ayant découvert ce film grâce au classement des films les mieux notés sur Allociné, j'avais alors beaucoup d'attentes sur ce film. Et autant dire qu'elles ont été largement surpassées. Ce film en huis clos met en scène 12 hommes (merci le titre !), ici jurés dans une affaire de parricide, et dont le sort de l'accusé, un jeune homme de 18 ans issu de quartiers défavorisés, semble déjà scellé. Les jurés pensent alors que la délibération ne sera qu'une formalité et que le vote va être immédiat. Mais, ce n'est sans compter sur le juré n°8, ici interprété par un grand Henry Fonda, qui avoue ne pas savoir si le garçon est coupable ou non, mais souhaite juste débattre sur le sort de ce dernier.
Le juré n° 8 est entouré de jurés, venant de milieux sociaux et professionnels différents. Ici, les personnages n'ont guère de nom, nous les appelons seulement par leur numéro de juré, par rapport à leur position autour de la table. Nous passons d'un juré voulant absolument assister à son match de baseball et pour qui être présent lui en touche une sans faire bouger l'autre comme dirait maintenant Jeanne (à qui je conseille le film btw), à un banquier calme et ne suant pas, ou encore à un gérant de société de livraison, qui se fie uniquement aux faits et témoignages. Ce brassage de protagonistes me semble très intéressant. En effet, chacun d'entre eux a un caractère qui leur est propre et a des préjugés émanant de leurs milieux, de leur vécu, etc.
Ainsi, le film est une succession de débats, très mouvementés et provoquant un bon nombre de disputes, sur chaque fait présenté à la cour. Au fur et à mesure que les faits soient débattus et démontés, les jurés se rangent petit à petit du côté du juré n°8.
J'étais subjugué par le courage et la droiture que montre le personnage d'Henry Fonda, qui ne cesse de penser que le garçon n'a probablement pas tué son père, à cause de cette succession de doutes raisonnables. Mais à aucun moment il ne précise qu'il pense qu'il est innocent, et c'est là un des points les plus importants du film. On ne cherche pas à démontrer que l'accusé est innocent, malgré ce que pensent les plus réticents tout au long du film. Henry Fonda utilise à bon escient le raisonnement auprès de ces compères. L'un des exemples les plus marquants est le déplacement du vieux monsieur qui habite en-dessous et qui a entendu la dispute entre le père et son fils. Affirmant qu'il a mis 15 à 20 secondes à atteindre la porte pour voir le garçon s'enfuir, son propos est remis en cause par le juré n°8, notamment à cause du fait que le vieux monsieur traîne sa jambe à cause d'un accident. Les jurés décident de faire une reconstitution de cette scène. Au final, le juré n°8 a mis 40 secondes pour effectuer le même parcours. Cela montre alors qu'il est impossible pour le vieux monsieur d'avoir pu voir le garçon s'enfuir. Certains jurés sont alors pris d'une doute raisonnable, tandis que le juré n°3 s'emporte violemment contre le juré n°8, affirmant même qu'il voudrait abaisser la manette de la chaise électrique lui-même.
Au final, après de longs débats très intéressants, le n°3 reste le plus difficile à convaincre. Malgré le fait que toutes les preuves soient finalement contestées, il persiste à croire que le garçon soit coupable. Cela peut s'expliquer avec le fait qu'il soit en conflit avec son fils depuis toutes les années. Il projette alors sa rage de sa relation filiale compliquée à travers le jeune accusé. Lee J. Cobb joue à merveille le rôle d'un père, trop arrogant pour reconnaître qu'il est la cause de cette discorde. Son dernier geste est de pleurer après avoir déchiré la photo de son fils, et de changer son vote en non-coupable, et qu'il a enfin compris qu'il est allé trop loin.
Le jury reconnaît alors que l'accusé est non-coupable. Mais, une question nous brûle les lèvres, l'accusé est-il vraiment non-coupable ? Cette question a été brièvement posée lors d'une pause dans les débats par le juré n°6, un ouvrier qui n'est pas payé pour penser selon lui. Il est légitime de se dire que s'il est réellement coupable et qu'il est libéré, il pourrait recommencer son acte n'importe quand. J'aurais aimé que les jurés se penchent un peu plus sur ce sujet.
Malgré cela, j'ai apprécié chaque minute de ce film, en restant attentif du début à la fin, chose qui est rare.
La fin du film était sûrement évidente, mais cela ne gâche en rien le visionnage du film, qui vous tient en haleine du début jusqu'à la fin.


Pour son premier film, Sidney Lumet nous montre ici qu'il a déjà l'étoffe d'un grand réalisateur et un maître des films juridiques et policiers, mettant en scène notamment des hommes seuls contre "tous". Ces futurs films, tel que Serpico, Le Verdict, ou encore le méconnu mais pourtant très bon The Offence, avec un Sean Connery diablement efficace dans le rôle d'un flic dépassé par son travail, confirmeront ce statut.

IamtheBaptman
10
Écrit par

Créée

le 12 févr. 2022

Critique lue 75 fois

Baptiste Briot

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