Petit retour en arrière.
2013, alors qu'une horde de fans - dont nous - s'offusquait à l'idée de voir le masterpiece Evil Dead se faire remaker par Hollywood la Putain, là ou la majorité de nos péloches horrifiques cultes (au hasard, Les Griffes de la Nuit, Fog, Carrie, Amityville, Le Bal de l'Horreur, Fright Night, The StepFather, Hantise) s'étaient faites gangbangisées sans lubrifiant au profit de relectures aussi dispensables que manquées; Fede Alvarez mettait tout le monde d'accord avec SA version du premier long de Sam Raimi.


A tel point qu'il aurait redonné le mojo au papa de Drag Me To Hell pour revenir aux célèbres aventures de Ash, au grand détriment d'une suite au remake, totalement tuée dans l'oeuf en plein développement.
Mais le cinéaste uruguayen est visiblement plein de ressource, et même si son retour s'est cruellement fait attendre, le voilà bel et bien plus en forme que jamais avec son second essai, Don't Breathe - La Maison des Ténèbres; toujours accompagné devant la caméra de la sublime et trop rare Jane Levy (déjà vedette du remake d'Evil Dead), et au scénario par son comparse Rodo Sayaguez .
Après le film de possession, le voilà qu'il tâte d'un autre sous-genre du cinéma de genre avec le home invasion, pas forcément célébré ses dernières années dans les salles obscures (les moyens American Nightmare et Knock Knock, le plus réussi et WTF You're Next d'Adam Wingard), avec son obscure histoire de braquage qui va tourner mal.


Habitués à dévaliser les maisons de leur quartier pourri de Détroit, trois adolescents vont être appâter par l'idée de braquer la baraque d'un vétéran de l’armée rendu aveugle au combat, qui cacherait un magot suffisant pour qu'ils puissent assouvir leur envie d'ailleurs.
Mais arnaquer le dit vieillard s'avérera une tâche bien plus ardu et dangereuse que prévue...
Citant avec assiduité le cultissime Le Sous-Sol de la Peur de feu l'inestimable Wes Craven et ce dès son pitch limité mais accrocheur (un braquage en apparence facile, qui tourne peu à peu au cauchemar éveillé), la péloche tire pleinement sa puissance dans la simplicité de son concept, la magie funeste de son cadre (la ville malade de Détroit comme David Robert Mitchell avec son tout aussi brillant It Follows, qui lui offre de facto un constat social des plus solides) et use habilement des clichés inhérents au genre pour mieux les épouser pleinement et les détourner à sa guise au sein d'un script malin et calibré; offrant ainsi un hommage vibrant aux papes du genre - Craven en tête donc - tout autant qu'une oeuvre flippante et déstabilisante à des spectateurs qui n'en demandait décemment pas autant.


Quasi-huis-clos furieusement indé et surnaturel virant in fine au survival flippant, porté par une atmosphère oppressante et une tension constante, Alvarez fait habilement naître l'horreur par l'angoisse que provoque le fruit de l'incertitude et de la terreur vivant chez son auditoire; suspens crée avec très peu d'outils puisqu'il joue uniquement sur des effets de mises en scènes intelligents et virtuose, ainsi qu'un sens du cadre méchamment maîtrisé.
D'une ampleur visuelle impressionnante et porté par une vraie figure maléfique à la psychologie travaillée (brillant Stephen Lang), Don't Breathe est une descente aux enfers sensorielle et dérangeante au parfum vintage presque irréel; un sommet d'horreur perturbant, audacieux et cohérent, qui éprouve son spectateur tout autant qu'il l'enthousiasme dans sa plongée sans filet au coeur de l'angoisse.


Après avoir signé l'un des meilleurs remakes horrifiques de tous les temps, Fede Alvarez signe ni plus ni moins que la bande la plus flippante du cinéma ricain de ses dernières années (avec Conjuring premier du nom et It Follows).
Plus qu'un bonhomme à suivre avec attention, il est désormais l'un des cinéastes les plus importants du genre, tout simplement.


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2016/09/critique-dont-breathe-la-maison-des.html

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le 15 sept. 2016

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