Beaucoup connaissent l'œuvre d'un des grands maîtres de la littérature fantastique…
Parmi eux, le plus connu : Stephen King
Pondeur de romans et nouvelles en chef ! Tel père, tel fils (parce que oui son fils Joe Hill est écrivain également !)
King a déjà convaincu par le passé avec ses œuvres, j'en retiendrai quelques-unes pour ma part comme Misery, Marche ou Crève, Carrie, Danse Macabre, Maximum Overdrive, La Ligne Verte…
Mais ici, nous parlerons de Shining, très grand livre mais plus grand film encore : mon préféré !


Le film de Kubrick est devenu mythique, à tel point qu’une suite pour une œuvre avec autant d’envergures était inimaginable ; d’autant plus quand l’acteur principal à alzheimer, l’actrice secondaire est devenue complètement folle, le petit Danny Lloyd a grandi et n’a plus fait de cinéma depuis et son réalisateur de génie est décédé…


La réponse, la thune évidemment et un alibi efficace : une suite écrite au préalable par Stephen King en 2013 !


L’histoire est basée sur le petit Danny qui a aujourd’hui grandi et devra porter son attention sur une autre fille qui a le fameux « Shining » menacée par un groupe d’individus nommé le Noeud Vrai !


Niveau casting, une certaine prise de risque étant donné que la majorité de ceux-ci sont peu connus mais aucun pour son acteur principal : le brillant Ewan McGregor ! (Trainspotting, Star Wars, Moulin Rouge, Big Fish…)


Pareil niveau réalisation, les studios Warner Bros se sont tournés vers Mike Flanagan, inconnu au bataillon mais que j’avais apprécié pour son film sorti sur Netflix en 2016 : Hush (ou Pas un Bruit en français)
Autrement le désert de Gobi cinématographique avec des films médiocres : Jessie, Ne t’endors pas, Ouija : les origines…


Un film intriguant, dont je vais m’empresser de vous livrer mon verdict, c’est parti pour les points cools et les points qui déconne du film !
Et il y aura bien évidemment une ZONE SPOILER ⚠️


Ce qui est cool :


Le jeu d’acteur de Ewan McGregor en Danny et Rebecca Ferguson en chef des Noeud Vrai (nommée Rose), l’un entre l’irresponsabilité de son père et le côté peureux et timide de Shining et l’autre en chef de bande naïve, décalée et agressive. ????


Les acteurs utilisés pour interpréter Jack, Wendy et Danny jeunes, qui même s’ils sont minoritaires font de leur mieux pour que l’on croit à la ressemblance avec les acteurs d’origine.


Le format VestaVision en 1,66:1 qui se rapproche du format CinémaScope du Shining de 1980, histoire d’offrir la meilleure continuité possible en prenant un réel parti pris artistique.


Le plaisir de retrouver la maîtrise de l'horreur fantastique propre à Mike Flanagan, déjà présent dans la série Netflix qu'il réalise ainsi que son film Hush, image froide et plans majoritairement serrés renforcés par le format cité ci-dessus ; créant une ambiance vraiment anxiogène. ????


L'explication plus explicite de ce qu'est le Shining ! Dans le premier film, Danny possède ce pouvoir comme lui explique Dick Hallorann mais même s’il n’y a que lui qui voit ces choses étranges, comment se fait-il qu’il soit de même pour sa mère et surtout son père ? C’est justement tout le génie de Kubrick dans ce film : utiliser l’aspect fantastique du roman pour illustrer la folie des personnages isolés dans cet hôtel monotone et mortifère en se servant du petit Danny comme alibi à ces apparitions. Ici, on nous livre une interprétation sombre de ce qu’est le Shining, un nid à tourmentes entre illusion et réalité dont les esprits les plus corrompus (ici, les Noeud Vrai) se nourrissent pour survivre, créant également un lien avec l’oeuvre de King - le Noeud Vrai par son caractère démoniaque et son pouvoir de persuasion rappelle les Démons du Maïs ou même Pennywise de Ca qui se nourrit de la peur pour survivre et surtout le rapport à l’enfance omniprésent dans l’oeuvre du bougre -


La présence de vraies scènes choc sans avoir besoin d’utiliser des jump-scare pour faire peur, je citerai sans spoiler les scènes avec la petite Abra d’une violence et d’une angoisse franchement efficace, la mort du petit Bradley, le retour frissonnant du fameux REDRUM (au passage intelligemment utilisé dans le contexte de cette suite !) etc…


Petit détail kiffant, caméo de l’acteur du Danny de l’époque Danny Lloyd en spectateur du match de baseball de Bradley !


ZONE SPOILER ⚠️


C’est du fan-service, je me suis laissé distraire mais quand Danny mentionne l’ultime lieu pour neutraliser Rose avant d’entamer les plans hommages du début de Shining couplé à la musique légendaire de Wendy Carlos, encore une fois les frissons…


...mais il est important de rappeler que Flanagan réinvente le mythe à sa sauce, celui-ci se sert des lieux qui ont plongé Danny dans l’horreur en confrontant la petite Abra et ses démons aux siens, parce que oui depuis que ce dernier est confronté à l’univers de cette dernière, il accède par son Shining à ses démons et les perçoit donc mentionner du simple fan-service ou du réchauffé pour la séquence finale serait complètement con ! Oh wait, critique du Figaro : « Reconstitution de scènes iconiques et faux Jack Nicholson ne convainquent pas : on préfère de loin l’hommage ludique de Steven Spielberg dans Ready Player One », on a visiblement pas vu le même film !


« Je te présente mes démons, et ils ont faim ! » insérer avalanche des personnages qui hantent le Shining de Kubrick


Une pointe de féminisme à peine dissimulé, représenté via le duel avec la hache lors de la montée des escaliers entre Danny et Rose jusqu’à ce que Danny se rétame sans la même impression de faiblesse que feu son père. Le temps est à l’égalité messieurs et mesdames !


Les dernières minutes du film, entre la cohérence oubliée entre le premier film et le roman original (l’explosion de la chaudière et non pas l’hypothermie de Jack) ; l’émotion lors de la mort de Danny ; le combat face à ce qui était censé aider nos deux protagonistes à la base, entre action et fan-service jouissif (scène de la baignoire, porte, résidents de l’hôtel…) et surtout le final où Danny a effectué sa mission de sauveur envers la jeune Abra, qui peut grandir en connaissance de cause envers un monde extérieur tout sauf accueillant surtout quand il s’agit d’une fille noire (égalité hommes-femmes pas encore au point, ère Trump, racisme…) et son monde intérieur peuplé de démons comme chez chacun d’entre nous, et nous sommes d’ailleurs pris à parti avec le regard caméra sur le plan moyen de final…


Ce qui déconne :


Cette foutue VF, vraiment imparfaite sauf pour Ewan McGregor qui a toujours sa superbe voix française attitrée Bruno Choël, mais par exemple pour Dick Hallorann c’est une horreur ! Pas aussi charismatique et sérieuse que celle de feu Med Hondo comme on a pu l’entendre lors de la scène de la table dans le premier film. Ici, une voix trop faiblarde avec un accent africain trop présent ! ????


Un détail qui titillera le Fossoyeur de Films si on se fît à son analyse de Frayeurs, ces ellipses temporelles trop nombreuses au début du film, on passe trop vite du New Jersey au New Hampshire, de la vie de Danny à celle d’Abra au quotidien du Noeud Vrai...et surtout cette ellipse de début de film qui dure…30 ANS !!! Les premières séquences m’ont laissé sceptique avant que les qualités du film ne jaillissent ensuite...


Hallorann disait à Danny dans le premier film « Ces visions, ce sont comme des images dans un livre », alors pourquoi avoir remplacé le concept du livre par des cercueils ? Parce qu’il s’avère que les démons de Danny sont, dans son esprit, emprisonnés dans des cercueils durant le film ; ce qui a altéré ma compréhension du récit au départ !


Note intéressante de Robin Couthures, le manque d’exploitation de lieux méconnus ou auparavant inexploités de l’hôtel (sauf pour le sous-sol où est situé la chaudière) pour enrichir encore plus la personnalité du film.


Les détails qui relèvent parfois de l’anecdotique, que ce soit à travers le regard du spectateur ou de certains personnages : par exemple l’alcoolisme de Danny expédié trop rapidement à cause de l’ellipse de 30 ans qui rendra la scène du bar à l’Overlook moins intensive qu’elle aurait pu l’être ; le personnage indien ami de Danny qui n’engendrera que l’emploi et le logement de ce dernier sans grande utilité hormis ça ; le père de Abra est un écrivain pas forcément doué, simple référence à Jack, ça n’ira pas plus loin… ; la mort de certains personnages proches de nos protagonistes qui n’inquiètent pas trop longtemps ceux-ci car passent vite fait à autre chose…


J’ai kiffé l’exploitation intelligente du fan-service à 99,9%, et quitte à faire mon gamin pourri gâté j’aurais pris mon pied si Flanagan avait réservé une scène à Roger pendant l’exploration de l’hôtel de Abra - j’en ai parlé dans ma critique comparative des deux Shining, il s’agit du personnage bisexuel déguisé en ours observable quelques secondes dans l’encadrement d’une porte dans le film de Kubrick -


Ce film est-il bon ? Bien évidemment, couplé entre la signature filmique de Flanagan qui en aucun cas ne profane le légendaire premier film mais s’en sert comme base pour raconter un nouveau récit intéressant et avant tout efficacement divertissant !


Mes deux arguments de visionnage : les fans de Shining se doivent d’aller le voir, autrement dit faites comme moi ! Et même si vous connaissez quelques références au film original sans même l’avoir vu, Docteur Sleep garantit une horreur fantastique jouissive sur le plan ludique comme technique bien au-dessus des films d’horreur sans âme de ces dernières années (Insidious, Annabelle, La Nonne, Wedding Nightmare…)


Note : 15/20 !

thrashiffanneau
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le 6 nov. 2019

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