Pour les détracteurs de Quentin Tarantino, qui lui reprochent ses gimmicks, son humour potache et sa vision du monde digne d'un ado mal dégrossi, "Django Unchained" constitue sans doute le pire échantillon de son cinéma (avec le diptyque "Kill Bill").
Sous couvert d'un background historique "sérieux", on suit des personnages archétypaux au sein d'un scénario très prévisible, durant laquelle de gentils progressistes vont triompher de méchants esclavagistes, dans un déluge de violence décomplexée.


Certes, Tarantino s'affranchit de tout manichéisme grâce au personnage savoureux de Samuel Jackson, odieux "nègre de maison" aussi fourbe et cruel que dégoulinant de déférence envers son maître.
Mais ce septième long-métrage de QT donne l'impression que son auteur tourne un peu en rond et ressasse une formule de plus en plus éculée - quand bien même chacun de ses films aborde un thème et une époque différents.


Alors oui, "Django" reste bien supérieur au tout-venant de la production hollywoodienne : ce remake modernisé d'un classique de Sergio Corbucci constitue un bon divertissement, formellement au point et porté par une BO entraînante ; mais pour ma part je n'y vois pas un grand film.
Ainsi, j'ai préféré l'arrière-plan historique de "Hateful Eight", certes concentré principalement sur la longue scène de la diligence, mais proposant une analyse "politique" plus fine et plus élaborée.


On assiste donc à une plongée au sein d'une plantation de coton, au temps de l'esclavage en plein XIXème siècle, tout en suivant le parcours d'un tandem antinomique de chasseurs de primes, entre western spaghetti et buddy movie.
Django, le héros, est un ancien esclave à la recherche de son grand amour, aidé dans sa mission par un pseudo-dentiste allemand, à l'origine de sa libération.


Mon dernier visionnage s'est hélas effectué en VF, ce qui ne rend pas honneur aux diverses langues pratiquées et fausse forcément mon ressenti, mais en l'état le casting de "Django Unchained" ne m'aura pas ébloui, à l'image de Leonardo DiCaprio, un peu fade dans la peau d'un esclavagiste cruel et prétentieux.


De même, j'avais trouvé Christoph Waltz plus convaincant dans un rôle de crapule ("Inglourious Basterds"), même si l'acteur autrichien ne démérite pas.
Idem pour Jamie Foxx, plutôt charismatique mais pas transcendant.
Quant à la belle Kerry Washington, son personnage apparaît hélas très sous-exploité.
On appréciera en revanche chaque apparition ou cameo des divers seconds et troisièmes rôles de prestige, tels que Don Johnson, Bruce Dern, Jonah Hill, Walton Goggins ou encore QT himself.


Au final, sans être enthousiasmant ni très stimulant, "Django" garantit une bonne dose de fun et d'aventures spectaculaires, rythmées par les dialogues interminables, la fantaisie et le second degré qui caractérisent Tarantino.

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le 8 mai 2015

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Val_Cancun

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