Tarantino signe officiellement son premier Western Spaghetti !

Tout fan de Tarantino sait que le bonhomme aime les westerns. Et avec Django il s'est enfin décidé à franchir le pas. Le film s'ouvre sur le thème musical "Django" du western éponyme de S. Corbucci qui accompagne un générique en lettres de sang où on peut lire en guise d'introduction "Directed and written by Quentin Tarantino". Le ton est donné : ça sera un hommage au genre version Tarantino. D'un coté, si ça avait été autre chose il y aurait eu de quoi tirer la gueule non ?

Dentiste reconverti en chasseur de primes, Schultz (C. Waltz) libère Django (J. Foxx) qui est un esclave noir parmi tant d'autres dans des Etats-Unis en passe d'entrer dans la guerre de Sécession. Django devient chasseur de primes et après quelques aventures trépidantes avec Schultz, ils décident d'un commun accord d'aller libérer la femme de l'ex esclave qui travaille à Candieland; la plantation de Calvin Candie (L. DiCaprio).

Je ne m'attarderai pas sur la réalisation qui est, comme toujours, léchée et maitrisée. Que ce soit les environnements naturels de toute beauté ou les plans de caméra choisis; tout est sous contrôle. Tarantino distille ses effets savamment et ces derniers portent en filigrane des acteurs irréprochables. Que dire de C. Waltz si ce n'est qu'il crève littéralement l'écran ? A la fois mesuré et facétieux, affable et détaché, l'acteur enrichit les dialogues par une consistance indéniable à l'image.

S. L. Jackson n'est pas en reste non plus et son interprétation de Stephen est juste bluffante. Je ne parlerai pas de son personnage car il mérite d'être découvert. Et puis ça fait plaisir de le revoir dans un film de Q.T. ! Quant à L. DiCaprio, il campe un méchant très intrigant..mais également des plus vicieux. Certains lui reprochent d'en faire trop. Moi j'ai trouvé l'acteur très juste. Un peu comme tous les films qu'il tourne depuis quelques temps. Notons enfin la présence de très bons seconds rôles comme c'est souvent le cas dans les films de Tarantino. Eh oui, comme je vous l'ai dit; on est en terrain connu.

Et de ce fait, ceux qui ne peuvent pas piffer le réalisateur de Pulp Fiction et de Kill Bill ne changeront pas d'avis sur la question. Ils continueront à pester après des dialogues interminables et définitivement capillotractés. Ils crieront aux ventres mous et aux scènes d'action certes bien réalisées mais totalement surréalistes. Après qui peut les en blâmer ? C'est le style du réalisateur qui veut ça et là soit on accroche soit on décroche. Surtout que 2h45 ça peut paraître long quand on est face à une oeuvre cinématographique singulière qui sort des sentiers battus.

Mais alors, quelle place occupe ce Django dans la filmographie de ce cher Quentin ?
De mon point de vue, c'est loin d'être son plus mauvais film (bien sûr je ne compte pas Death Proof puisque cela fausserait l'échelle de la "médiocrité") mais Django n'est ps exempt de défauts. Les détracteurs de Q.T. lui reprochent d'innombrables moments de "vide" où il ne se passe rien. Et force est de constater que cet argument est vraiment recevable pour ce film. Le milieu du film est vraiment creux. Un vrai ventre mou. Mais en ce qui me concerne j'en fais fi.

L'univers, ses environnements, ses décors et ses costumes sont un pur régal. Les personnages sont hauts en couleur et l'OST est une réelle réussite. Cette dernière était, pour moi, décevante dans Inglorious Bastards mais le tir a été corrigé. Eclectique, elle mélange des thèmes d'Ennio Morricone avec du rap made in 2pac en passant par du "Freedom" (Woodstock) ou du Luis Bocalov qui est, soit dit en passant, le compositeur du thème de Django des année 60. Bref, une Bande Sonore de qualité. Mention spéciale pour "Ancora Qui" d'Ennio Morricone et Elisa Toffoli qui a particulièrement retenu mon attention. D'ailleurs l'OST est disponible à l'écoute à cette adresse : http://www.unchainedsoundtrack.com/ . N'hésitez pas sauf si vous voulez la surprise lors de votre séance.

Au niveau des regrets, je déplore trois choses. Premièrement une mauvaise utilisation de l'OST. Ou plutôt une utilisation peu judicieuse. Parfois les morceaux s'enchaînent et j'ai trouvé ça dommage. Certes comme je l'ai dit ils sont bons mais j'aurais préféré qu'ils soient distillés avec parcimonie et qu'ils nous prennent par surprise. Deuxièmement, pour un Western ça manque cruellement de duels. Alors certes Tarantino joue de la caméra et des regards mais pour moi Kill Bill faisait tout aussi bien si ce n'est mieux. Un peu dommage pour un pur film du genre. Et enfin, j'aurais aimé une fin un peu plus "ballzy".

Attention, la fin est très bonne en l'état. Mais elle est un peu décevante de la part d'un réalisateur capable de sortir de son chapeau de savoureux moments de What The Fuck. Peut être que j'en demande trop et que j'ai tendance à idéaliser le bonhomme ? Possible. Mais je me devais de faire part de cette pointe de déception même si elle reste anecdotique sur l'ensemble de ce divertissement de qualité.

Vous aimez Tarantino et ses oeuvres ? Foncez !
En plus vous aimez les Western ou avez envie de remettre vos souvenirs au gout du jour ? Alors foncez !
Vous voulez vous initier au genre Tarantino ? Foncez également car ce film, sans être le meilleur qu'il ait réalisé, est abordable et de qualité.
Vous détestez Quentin et ses délires ? Abstenez vous. Vous n'aimerez et allez subir un film de presque 3h...

Enfin dernière chose, j'ai malheureusement vu le film en V.F. Certes elle est correcte mais si vous en avez la possibilité regardez le en V.O. Ne serait-ce que pour les prestations de C. Waltz et S.L. Jackson qui doivent être magnifiées.
MarlBourreau

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6

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