Il est rare de revenir sur le making of d’un film, même sur un film qu’on aime. Quand ils ne scandent pas leur gloire, ils révèlent leur suffisance. Si tant est qu’on le classe dans la catégorie making of, Ennemis intimes pourrait être l’un de ses plus beaux représentants, puisqu’il retrace – et se fait un énième prolongement du cinéma de Werner Herzog – les relations tumultueuses entre Klaus Kinski et l’auteur allemand durant les cinq tournages qu’ils ont fait ensemble. Je ne l’ai pas encore vu mais il semble que le Hearts of Darkness, sur l’Apocalypse Now de Coppola soit du même tonneau, tout en y faisant résonner un autre cauchemar.


 La grande particularité de Dangerous days c’est sa durée : 3h30. A moins d’y avoir été obligé ou bien d’aimer Blade runner de façon démesurée, il y a peu de chance que tu te lances dans cet interminable appendice. Interminable, il l’est pourtant seulement sur le papier car c’est absolument passionnant, brillamment construit, accompagné des anecdotes les plus folles retraçant une genèse inquiétante, un tournage difficile et une post production laborieuse. Jusqu’à son accueil froid par le public et la critique avant le statut culte qu’il va acquérir avec les années, notamment via le Director’s Cut de 1992 et le Final Cut de 2007.
Surtout, Dangerous days se paie le luxe de réunir les interviews de la quasi (Certains ne sont plus là, durant la fabrication en 2007) intégralité des gens présents en 1982, acteurs, créateurs, producteurs, techniciens, ainsi que celles de fans absolus comme Frank Darabont ou Guillermo Del Toro (qui explique notamment pourquoi il continue de préférer la première version et sa voix off). Rutger Hauer évoque la conception de sa bouleversante tirade finale, ainsi que son saut en slip d’un immeuble à l’autre sans doublure, Ford sa froide collaboration avec Scott, Syd Mead (designer) qui raconte ses inspirations, de Metal Hurlant à Edward Hopper. Entre autre. Dangerous days parvient surtout à capter ne serait-ce qu’un peu l’enfer et la magnificence d’un tel projet, entre ses conflits perpétuels et le souvenir, douloureux et inoubliable pour chacun, d’avoir œuvré sur un film d’une telle envergure.
JanosValuska
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le 28 déc. 2017

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