Avoir le vin mauvais (fût-il de messe)

**** AVERTISSEMENT ****


Ceci étant ma première publication sur ce site, un petit préambule me paraît approprié.
Je lis de préférence les critiques APRÈS avoir vu un film plutôt qu’avant. Je souhaite ainsi ménager une vision sans a priori, puis confronter mon opinion à celle des autres. Ma « critique » est rédigée en conséquence. Elle s’adresse davantage aux gens qui ont vu le film qu’à ceux qui hésitent à s’y rendre.


Plus accessoire : je suis un spectateur lambda. Je n’ai pas une culture cinéphile m’autorisant à des jugements techniques ou esthétiques sur les cadrages ou à situer une œuvre dans la cinématographie de son auteur. Je me contenterai donc d’exprimer mon ressenti, souvent teinté par mes préoccupations et affinités personnelles plus que par la qualité intrinsèque du film.
Ceci posé, voici ma « critique » du « Des hommes » de Lucas Belvaux.




Il s’agit certes d’un film sur la guerre d’Algérie, mais je l’ai vu d’abord comme un drame humain autour de rancoeurs familiales. Ce n’est à mon avis pas innocent que l’action débute sur l’anniversaire de la sœur (Catherine Frot). Un moment pivot de la vie de Feu-de-bois (Depardieu) est la mort en couches d’une soeur aînée. On comprend alors que le personnage a toujours eu un caractère extrême. La guerre l’a fait passer de l’ivresse de la religion à l’ivresse de la bouteille. D’où mon accroche : avoir le vin mauvais (fût-il de messe). Pour en finir sur cet aspect, il me semble que la voix off, décriée par certains, commence lors de cette fête de famille. Or, certains acteurs bénéficient chez moi d’un capital de sympathie : Darroussin en est, même en voix off.


Ensuite bien sûr, il y a tout le poids des « événements » d’Algérie. La transition entre les époques m’a parue très fluide : on identifie facilement les protagonistes. C’est je trouve une des réussites de l’écriture du film : il évite l’écueil des flash-backs qui font perdre le fil au spectateur. Une autre réussite est de pas être trop démonstratif mais de procéder par petites touches. L’exemple qui me vient à l’esprit est la moue du futur beau-père quand il demande au jeune Bernard la taille de l’exploitation de ses parents.


J’ai aussi apprécié la pudeur dans la description de la violence. Pas de sensationnalisme ou de recours aux images chocs. Les scènes les plus violentes à l’écran sont en fait les rixes entre appelés. Pour le reste, mise en place du climax avec des scènes banales (la petite fille et sa tortue), puis paradoxe d’une voix off pour évoquer l’indicible.


J’ai dit que le film n’était pas démonstratif, il n’en reste pas moins didactique. L’utilisation d’archives d’actualité le souligne sur la fin. Comme je partage dans l’ensemble la vision de l’auteur sur la période, cela ne m’a pas gêné. J’ai la chance d’être assez jeune pour ne pas avoir vécu cette guerre, mais pas assez pour avoir évité le service militaire. Je terminerai sur cette notation personnelle qui n’intéresse que moi, mais vous comprendrez à ma note que j’ai beaucoup apprécié ce film.

Cine_Calim007
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le 5 juin 2021

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Cine_Calim007

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