Dernière nuit à Milan par limma

Les films italiens ont souvent ce réalisme qui ausculte le milieu qu'il décrit assez froidement, sans vrai héros et où la mafia doit laisser un traumatisme au vu du nombre d'exercices la mettant en scène. Ici plutôt en fond d'intrigue, où les italiens collaborent avec les chinois pour une sombre histoire de blanchiment d'argent, ce sera quelques heures dans la vie d'un homme manipulé et qui subira toutes les épreuves imposées par le genre policier. Après Naples de Nostalghia où l'acteur déambulait dans une ville qu'il ne reconnaissait plus, c'est Milan celle qu'il connaît si bien, qui lui réservera une fin de carrière éprouvante. Nombre de films encore axent sur les plans nocturnes et sur cette ambiance sourde, si ce n'est qu'il est toujours agréable de voir une ville la nuit, que le danger latent en est mieux révélé et que Di Stefano met en valeur ville, décors et lumière. Appuyé par une musique aux tons graves, bien choisie, on regrette une certaine redondance pour tenir la longueur. Film noir classique, le réalisateur ne démérite pas et use d'une fluidité narrative appréciable, notamment dans son introduction de chacun des personnages par l'intervention de Viviana ((Linda Carini) l'épouse de Franco (Pierfrancesco Favino). Si Di Stefano évite la surenchère et caractérise chacun de ses personnages, la plupart des situations sont d'une grande facilité, malgré son montage qui saura donner du rythme à défaut de scènes d'action rares, mais bien orchestrées.

D'emblée l'introduction d'une fête appuie encore ce sentiment de danger imminent, lorsque Franco arrive à son domicile, le visage décomposé pour sa fête de départ à la retraite, et nous en comprendrons la raison, tout au long du film par flashbacks et alternance de plusieurs situations vues à différents moments par chacun des protagonistes. Là encore la technique est désormais connue mais assure un certain suspense, ne laissant les indices qu'au compte gouttes, malgré toujours les grosses énormités.

Franco et Viviana sont pratiquement de tous les plans, les seconds rôles naviguent au grès des péripéties, assez sobres pour les uns, et clichés pour les autres, souvent interrompus par les mêmes échanges du couple, revenant comme une litanie. Franco semble lui, flottant, déambulant tout au long de son enquête sans que rien ne vienne l'entraver, ne sachant jamais bien être raccord avec sa profonde conviction et les demandes de son épouse. L'acteur semble d'ailleurs à côté de son rôle et n'offre pas vraiment de variante à ses autres rôles. Et Viviana par ses réactions d'une dangereuse désinvolture, laisse perplexe à chaque plan. Alors que son personnage prend sa place et que l'actrice offre une belle performance, tous ces détails plombent totalement l'intérêt et la tension attendue.

Reste la scène du tunnel qui malgré son improbabilité dans sa suite, assure peut-être le meilleur moment du film.