Quand le refuge devient couperet

Dans le registre récurent des épidémies à incubation éclair, morsures sanglantes et zombies enragés, certains films se sont avérés grossiers et d’autres remarquables. Quand le cinéma coréen la joue à la 28 jours plus tard, ça donne une gifle, décidément, et incontestablement. L’angoisse et l’asphyxie se veulent plus terribles encore par le confinement des héros, prisonniers volontaires dans un train qui fonce comme il peut vers Busan, vague espoir d’une ville supposée épargnée de la sinistre épidémie.
Pas une seconde de répit durant tout le spectacle, pour nous comme pour les différents personnages du film, suffisamment développés pour nous atteindre au cœur, chacun à leur manière, touche épatante pour le genre. En dehors des scènes de fuite et combats lors des changements dans les gares où les monstres semblent être vomis sans fin de tous cotés, la majeure partie du film se passe dans un même train, vécu comme le radeau de la dernière chance, et en même temps comme la condamnation à rebours dans une cellule tombale, dont les wagons se font inexorablement contaminer les uns après les autres.
Notre petit groupe devra non seulement fuir vers l’avant, et même traverser des wagons infectés, mais le moment venu le pire leur sera d’affronter la peur, la méchanceté et la bêtise humaine. L’épouvante du film devient ainsi plus subordonnée à l’horreur et la médiocrité humaines, dans une abominable échappée qui s’avérera un brutal voyage initiatique vers le courage, la solidarité et la responsabilité.