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Le vigilante flick est un genre à part ayant généré nombre de nanars où les criminels sont démastiqués au lance-flammes par exemple grâce au rigolo Robert Ginty. Des oeuvres ayant cinématographiquement un peu de tenue et un poil d'ambition sont étonnamment peu nombreuses alors que le thème est plus que colle porteur. Ne parlons même pas des versions féminisantes qui tirent plus de larmes que de balles et veulent nous faire gober qu'une bourgeoise malheureuse est capable de dézinguer du loubard désoeuvré. Ne parlons pas non plus des versions pelloche du Punisseur, incapables de retranscrire la croisade aussi hallucinée que bandante du super-héros le plus cramé de l'univers, série TV incluse.
Alors dans le panier, bien au dessus, et en maître absolu du genre qui règne sans partage, il y a Un Justicier dans la Ville, le chef-d'oeuvre de Michael Winner, tiré du roman désespéré "Death Wish" de feu Brian Garfield. Les suites sont toutes aussi recommandables, mais dans un tout autre genre, car avouons-le, même si ça ne fait pas avancer le Cinéma, qu'est-ce que c'est bon de voir un honnête citoyen nettoyer un quartier à la Gatling.
Quand on apprend avec un bon vieux development hell des familles qu'une nouvelle version est en route, et de surcroît, écrite par Joe Carnahan (le Daredevil qu'on ne verra jamais), starring Bruce Willis et réalisée par personne d'autre qu'Eli Roth (à table), on a déjà le slip plus humide qu'en rêvant à Joceline Brooke Hamilton et instantanément on se met à fantasmer sur des crânes de dealers qui explosent, des voleurs de scooters décapités, du Mexicain dépecé, des violeurs de gonzesses émasculés, des pédophiles écartelés...
Quand les premières reviews tombent, le kiki en fait autant et l'envie de revenir vers JBH reprend le dessus, histoire de retrouver un peu de vigueur. On laisse donc filer mais quand l'occasion se présente au vidéo-club, il n'est franchement pas raisonnable de la louper. Un vigilante flick, quoi !
Le film démarre avec comme il se doit, la bonne famille WASP CSP+++ en pleine exposition ensoleillée. Tout innocents qu'ils sont, ils font confiance en un bon vieux valet basané. Tsss tsss erreur fatale.
Quand la tension monte, on se rappelle qu'aux commandes, on a la trinité, Roth/Carnahan/Willis et on se souvient de l'insoutenable lourdeté de l'être de la version Bronson. On essaye de se persuader qu'il y a de la tension et que ça va finalement partir dans la surenchère. Que nenni, c'est déjà fini. On n'a rien vu. Tout est suggéré, caché, dissimulé, expurgé, nettoyé. Les méchants sont plus stupides que vraiment méchants et en lieu et place de violence graphique pour voyeur en mal de sensation forte, nous avons des détonations vues et entendues du front yard, un peu comme dans La Nuit de la Fin des Temps. Mais là où c'était génial et délicieusement bien amené, ici, on se demande où est passé Eli Roth, le roi du torture porn.
La force du vigilante flick, c'est comme le porno gonzo, c'est de la pure catharsis, vivre des moments forts et excitants, tels qu'on ne le fera jamais dans la vraie vie. Pour que ça fonctionne, il y a des règles clés à respecter : l'identification, un réalisme social et environnemental acceptable et une surenchère. Ici, malheureusement, on ne reconnaît pas Eli Roth. Tout est tellement sage, tellement convenu, horriblement contenu. Oui bien sûr, à un moment donné on a un corps qui explose sous une voiture, mais finalement tout est bien gentillet.
La force du premier était de ne jamais retrouver les agresseurs (dont l'un était plus sans complexe que timide) et de lancer ce brave citoyen dans une croisade réjouissante. Ici, pas de traquenard aux voyous, pas de balade champêtre à minuit pour buter du dealer. L'idée de parler de l'influence des médias n'est pas exploitée à fond. Et celle des copycats est tuée dans l'oeuf alors que ça aurait pu délirer sec.
À un très furtif moment on retrouve le Bruce Willis qu'on aime, avec du fusil d'assaut et du revolver qui crachent mais trop tard, le mal n'est pas fait. On a aussi le plaisir de voir le héros faire son marché dans une supérette de fusils d'assaut et ça c'est toujours bon, là où en France on a juste le droit de s'acheter des cure-dents.
Il était possible de cracher une version désespérée, ultra-violente, ancrée dans la réalité tout en surfant sur l'aura messianique de l'indestructible Paul Kersey, le meilleur vigilante de tous les temps, au final, on se retrouve devant un vigilante flick anonyme, plat, plaisant, mais vite oublié.
Death Wish, ou quand une dream team accouche d'une énorme déception et qu'on lui préfèrera du Brian Garfield revu par James Wan.

chrisr
5
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le 13 juin 2019

Critique lue 170 fois

chrisr

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