Le côté sentimental gâcheur de Deadpool !

J’attendais beaucoup de cette suite mettant en contexte le fameux et décérébré Deadpool, le super-héros le plus trash, le plus indocile et le plus indiscipliné des personnages de la famille Marvel. Malgré ses légers défauts, le premier m’a fait prendre un pied géant en mettant à l’honneur ce super-héros qui n’agit pas comme ses semblables. Avec lui, on est spectateur d’une série inaccoutumée et sans limite de conneries, de boucheries, d’images chocs, de massacres sanguinaires et d’action vulgaires, le genre de vision qu’on aurait bien du mal à oublier, comme on a pu le voir dans le premier, en plein traque d’un scientifique tortionnaire et cruel.


Pour moi, deux choses ont été primordiales pour assurer la réussite et le succès du premier, le traitement du personnage et la mise en scène brillante du réalisateur Tim Miller. Dans le premier long-métrage, Deadpool est représenté comme il fallait pour nous épater, à fond de son potentiel et dans sa connerie, assez moqueur pour profondément bien faire chier ses ennemis, des mercenaires ayant la gâchette facile.


Une image de ce dernier soigneusement représentative par un montage bien mené par un réalisateur qui savait s’y faire pour filmer des scènes d’action fluides, propres et d’un dynamisme surprenant. S’il avait bien deux choses que je voulais retrouver dans ce second opus, ce sont bien les deux points que je viens de vous mentionner. Et malheureusement ! Ce n’est pas ce que j’ai aperçu dans cette suite qui ressemble presque à une blague de très mauvais goût.


La première chose qui m’a gravement déçu, c’est ce traitement incongru et sentimental de Deadpool que j’ai assez mal digéré. En faisant de ce dernier un être plus humain, le film perd beaucoup de son intérêt. Suite à un événement tragique, il passe plus son temps à jouer les êtres fragilisés et à chercher à se faire tuer qu’à faire le con. Deadpool n’est ni Superman, ni Batman, ni Spiderman, pourquoi l'avoir converti en un autre genre de super-héros, on tombe totalement dans le basique et dans la banalité absolue avec ce genre de traitement incompréhensif.


Bref ! J’ai été stupéfiait de voir ça, d'autant que la mise en scène n'est pas très académique, surtout venant d’un des deux réalisateurs ayant monté le phénoménal film d’action John Wick. Avec le cascadeur Chad Stahelski, le réalisateur David Leith m’a fait prendre plein la gueule avec John Wick, en nous exposant sensiblement à de superbes scènes d’action animées par des longs plans carabinés et très bien cadrés. Ce que j’ai vu dans John Wick, je voulais le voir dans Deadpool 2.


Et malencontreusement, je n’ai vu que des scènes d’action où on enchaîne des plans pour chaque coup physique, avec une caméra ayant la tendance d’être un peu trop près des personnages. Cela dit ! Les scènes d’action sont visibles et jouissives à voir, dignes de celles de toutes bonnes productions de Marvel sortant de nos jours. Bien dommage que le mise en scène ne le soit pas autant, loin d’être subtile, trop rapide et foutraque, on a même négligé la base d’un suivi de l’histoire, comme la toute première scène d’apparition de Cable, pendant laquelle rien nous indique qu’on est dans le futur (Je n’avais même pas compris qu’il venait d’une autre époque).


De même que l’humour n’est pas aussi salutaire que celui du premier, même si le long-métrage fait défiler un bon lot des périodes touchantes, inratables et complètement décalées de la réalité. Concernant le casting, on retrouve avec plaisir Ryan Reynolds dans certainement son rôle le plus mémorable de sa carrière, il se défoule aussi bien dans cette suite que dans la première version, il habite à merveille son personnage tout en s’amusant comme un vrai petit fou, malgré son handicap du traitement de son personnage. Contre lui, on a un Josh Brolin qui m’a bien assouvi. Il est doté d'une personnalité très bad guy de son protagoniste viscéral et à moitié robotique, avec une apparence assez frappante du soldat de l’hiver dans les aventures de Capitain America et une tête de sale méchant gars, dépourvu du tout pitié.


Avec ces derniers, on retrouve quelques personnages présents dans la première production comme Colossus ou Negasonic Teenage Warhead, peu présents mais efficaces. Concernant les nouveaux personnages, je ne peux pas dire autant pour Julian Dennison qui m'a sérieusement bien gonflé à chaque fois qu'il pointe sa gueule d'adolescent gâté ou de Shiori Kutsuna qui ne sert absolument à rien, à part juste rendre plus plus humain Deadpool sous un ton enfantin.


Le seul nouveau personnage où j’ai pris un énorme plaisir à l’admirer, c’est Domino, une mutante fascinante, agissant n’importe comment qui et naturellement très badass, interprétée par une Zazie Beetz qui assure dans la peau de son personnage, avec une aisance totalement confirmée. Le seul ennui que j'ai eu avec elle, c'est que son pouvoir n'est pas très démonstratif, les scénaristes se sont justes contentés de la faire manifester dans des situations qu'on a déjà vu maintes fois, dans d'autres films. Comment faire la différence entre le hasard et la chance ?


Une bad girl attirante mais qu'elle devrait être mieux traitée prochainement. Une bonne présence mais pas suffisamment éminente pour que je puisse me jouir du même plaisir que j’ai ressenti devant le premier, même si la plupart des vannes de Deadpool font pratiquement mouche, même si la production nous fait régaler de quelques scènes insolites, dont surtout ce qui se passe pendant le générique de fin, sans oublier les effets spéciaux bien inclus dans les scènes mouvementées et bien soignées, rendant les scènes de combat plus intenses et plus spectaculaires.


Face à ce résultat visuel mitigé, je n’espère plus qu’une seule chose pour les suites, voir un Deadpool qui fulmine et étripe sans lâcheté des durs à cuire. Le côté humain et sentimental ne passe pas du tout pour un super-héros aussi défouloir que Deadpool, certaines scènes qui auraient dû être drôles ne me font pas ri, c’est surtout de la peine que j’ai encaissée, à contrecœur, devant cette production ayant pris une direction artistique qui ne m’a pas plu, avec un scénario totalement inodore et d'un Deadpool plus lourd que divertissant. 4/10




  • J'ai un couteau dans les couilles ?

  • Oui ! Tu as un couteau dans les couilles !


Créée

le 28 mai 2018

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LeTigre

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