C'est en faisant n'importe quoi

Vous connaissez la différence entre Deadpool et Rémi Gaillard ? Ils font tout les deux n'importe quoi mais Deadpool est le seul qui a conscience de ce qu'il fait.


Plus exactement, il a conscience d'être un personnage fictif et donc que ce qu'il fait n'est soumis à aucune règle, comme Neo dans la Matrice. Cette spécificité définit son caractère et, associée à son pouvoir régénérant, l'affranchit de toute contrainte diégétique ou narrative. Il s'automutile, s'amuse d'être éventré par un éléphant, ou s'adresse directement au lecteur en insultant sa mère.
Mais le plus intéressant est l'utilisation qu'il peut faire du media dans lequel il évolue: sortir d'une case de BD pour aller dessiner la suivante, découper la page pour regarder ce qui se passe après ou prévenir le lecteur sur la page précédente. Dans le jeu vidéo Marvel VS Capcom il décroche la barre de vie de son adversaire et l'utilise pour lui taper dessus.


Sans être un fervent adepte du personnage, j'attendais le film pour voir ce qu'ils allaient faire de cette particularité et comment il mettraient à profit les possibilités qu'elle leur offrait en terme de narration et de mise en scène.


Et donc ils n'en font rien. Dans le film, briser le quatrième mur se résume à parler à la caméra, comme Tyler Durden (et plein d'autres), et faire des références méta en mode "Hé, t'as vu, si tu l'as compris celle-là t'es un vrai ! wink wink".


Dommage, il y avait moyen de faire quelque chose. Ne serait-ce qu'en intégrant au film sa propre genèse qui découle directement de la lamentable apparition du personnage dans X-Men Origins : Wolverine. C'était aussi l'occasion de jouer avec le format de l'image et la structure du récit en allant au delà du simple flash-back, de s'amuser avec des deus ex machina malins ... Sur ce dernier point, un seul élément narratif se rapproche de ce que l'on pouvait attendre d'un film où un personnage est conscient d'être dans une fiction avec des codes, des enjeux et une structure prédéterminée : c'est quand le pote barman dit à Wade d'aller voir le type en costard, "pour faire avancer l'intrigue". C'est pas hyper malin, c'est le deus ex machina niveau Stephen King, mais dans l'idée c'était ça.


Petit aparté sur le type en costard, pour faire écho au paragraphe précédent : j'ai du mal à comprendre, par exemple, pourquoi ça fait marrer toute la salle quand Deadpool l'appelle "Agent Smith". J'ai bien saisi la référence hein, mais pourquoi en rire ? Moi j'ai ri, fort, exprès, tout seul, quand il met un contrat sur la tête d'un dénommé Liefeld, juste parce que j'avais compris, et pour que tout le monde le sache.


Alors bon, finalement on a un film fauché et cheap qui focalise son spectateur sur les vannes 9gag et les références geeks, lui donnant l'impression de faire partie de ceux qui comprennent. Pourquoi pas. Le box-office lui a donné raison. Mais pour ce qui est de "changer les règles du film de super-héros", non, vraiment pas. Enfin, quand-même, reprenez-vous les gens ! Vulgarité n'est pas subversion, Deadpool ne fait que se glisser dans le moule en disant des gros mots face caméra.


Et en ce qui concerne Rémi Gaillard, son problème c'est l'inverse, il croit qu'il peut faire ce qu'il veut et que les gens ne sont que des personnages à sa disposition. Alors qu'en fait non, il est dans la vraie vie. D'où m'est venu une idée de truc super méta, un genre de cross-over Deadpool vs Rémi Gaillard. Je n'ai pas encore d'idée précise de scénario mais à la fin le montpelliérain se rendrait compte qu'il est dans la vraie vie en même temps qu'il s'apercevrait qu'il n'a pas de pouvoir d'auto-régénération.

Laaris
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le 24 oct. 2016

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