!!!! SPOILERS !!!!



Voilà, ça c'est fait.


LE film le plus attendu de l'année, celui dont la BA a fait bander Dieu sait combien de fans surexcités. LE Marvel qui promettait de se détacher de ses semblables par un humour plus noir, de la violence, du sexe, de la provoc, bref, de quoi être classé R aux Etats-Unis. Et Ryan Reynolds dans le rôle-titre, pour effacer à jamais l'infamie commise par X-men Origins: Wolverine (ce nom en fait encore frémir plus d'un).


Et bien mes enfants, traitez-moi de pisse-vinaigre si ça vous chante mais je n'ai pas pris mon pied.


On va commencer par les bons points: Reynolds s'en sort très bien dans le rôle du "Merc with a Mouth". La gestuelle, la voix, tout colle parfaitement à l'image qu'on s'en faisait. N'étant pas un afficionado du personnage, pour ma part je n'en attendais pas moins, du moins jusqu'à un certain point. On y reviendra plus tard.


Côté acteurs, j'ai bien aimé Ed Skrein (Daario Naharis premier du nom) dans le rôle du bad guy. Personnage convenu, certes, mais bien interprété et agréable à voir. T.J. Miller s'en sort aussi bien en barman grande gueule et tête à claques.


Je vais devoir hélas m'arrêter là.


Pour commencer, le côté soi-disant déjanté, subversif et (surtout) trash qu'on nous a vendu et survendu... ben c'est plutôt faiblard ! Autant la scène où l'on découvre Wade Wilson pour la première fois sans son masque est intéressante, car on se retrouve face à un être assez inquiétant et déjanté, aux méthodes expéditives et peu orthodoxes. En deux mots l'opposé radical d'un héros, mais pas pour autant un monstre ("un salaud qui cogne de plus gros salauds", comme il le dit si bien lui-même). Autant le reste n'est qu'enchaînement sur enchaînement de cabrioles aériennes, d'hémoglobine numérique et de vannes grasses conçues sur-mesure pour faire mouiller le moindre fan présent dans la salle (branlette par ci, pop culture par là, etc.)


Et puis les tentatives lourdingues de briser le quatrième mur (Deadpool est l'un des rares personnages à être parfaitement conscient qu'il se trouve à l'intérieur d'un comics) ne rattrapent pas grand-chose, tant on nous les ressort à la pelle. Entre le running-gag sur Hugh Jackman/Wolverine qui a vite fait de lasser, ou l'autodérision de Reynolds sur sa propre carrière dont on n'a cure, ça va deux secondes. Seules la figurine d'Origins et la réplique moquant le budget du film via les deux seuls mutants présents dans le manoir Xavier m'ont fait rire, et encore.


On pourrait alors se dire qu'on tient là un divertissement abouti et iconoclaste au rythme bien géré, mais non ! Le scénario est prévisible à 100km, le montage décousu (un flash-back toutes les 10 minutes) et Deadpool tombe dans le piège en multipliant, au lieu de les renverser, les clichés qu'il s'était juré d'éviter: les cascades et les combats sont sans surprise, la fin beaucoup trop happy, la musique badass au moment de faire parler la poudre, et j'en passe. La photo fait trop grisaille et semble étouffer un film qui aurait du être au contraire coloré, pétillant. D'ailleurs puisqu'on en parle, je me moquais bien du réalisateur avant de réaliser qu'il s'agit du responsable SFX de Fincher, celui-là même à qui l'on doit le splendide générique de Millénium. Pas glop, du coup.


Une chose encore: les personnages ne sont pas attachants pour un sou ! C'est le but me direz-vous, puisque Deadpool est censément un anti-héros. Mais là ça ne passe pas. Pas même du côté des sidekicks, tous plus horripilants les uns que les autres: Colossus et son accent russe ultra-caricaturé (Daniel Cudmore m'a bien manqué pour le coup), la gamine en jaune au nom imprononçable, l'autre avec ses gros nibars qu'on a juste envie de biffler... Sans compter la girlfriend aux dents de traviole fraîchement sortie de Gotham, dont le caractère de merde s'accorde à merveille avec celui du mercenaire.


Car oui, tout l'intérêt du film réside . Vous vous demandiez pourquoi ce film a été programmé pour sortir en pleine semaine de Saint-Valentin ? There it is. Si vous espérez prendre votre pied ou du moins vous assurer de passer un bon moment, ne transigez pas: allez voir ce film avec votre copine. Sinon croyez-moi, ça ne vaut guère mieux. Alors qu'on espérait une fable fun et décalée prenant à contre-pied tous les codes du film de genre, avec comme héros un gugusse imprévisible et psychopathe, on a juste un Marvel comme un autre avec deux ou trois blagues de bite, quelques références geeks et un peu d'hémoglobine en CGI pour faire la différence. Bref, une imposture !


Le seul mérite que l'on reconnaîtra à Deadpool demeure son remarquable succès au box-office, malgré un "faible" budget de 58 millions de dollars. Par ailleurs, la scène post-générique de fin semble promettre une suite plus consistante.


Assez pour offrir enfin au mercenaire en rouge et noir le film qu'il mérite ?


Allez savoir.

reastweent

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