Un bon début, maintenant, on veut la suite!

Malgré le nombre incroyable d'adaptations de super-héros qui affluent chaque année sur grand écran, il reste des personnages jugés inadaptables, comme Deadpool, le trublion de chez Marvel qui peut poser beaucoup de problèmes lorsqu'il est question de passage à l'écran. Ce personnage décalé était déjà apparu au cinéma dans le très moyen X-Men Origins - Wolverine. Son utilisation était assez pitoyable et sa présence à l'écran ne justifiait qu'une seule chose: le fan service.

Le personnage était à l'époque interprété par Ryan Reynolds, grand fan du mercenaire disert. Conscient que de nombreux fans se sont sentis insultés par cette piètre adaptation du personnage, Reynolds a décidé de reprendre les choses en mains et de rendre justice à ce personnage loufoque ainsi qu'aux fans en leur proposant un film bien plus proche du Deadpool des comics.

Mais voilà, pour réaliser un tel film, il faut d'abord rassurer les studios, qui ne jurent que par les recettes et pour qui un personnage aussi violent et décalé risque de ne pas remplir les tiroirs-caisses. Il aura fallu une simple fuite (préparée?) pour exciter les fans et rassurer les studios, prêts à financer le film. À partir de là, Ryan Reynolds et l'équipe créative derrière le film jouissaient d'une liberté plus importante pour l'élaboration du film.

Ainsi, après une longue campagne marketing bien huilée et des fans aux aguets, Deadpool pouvait enfin sortir sur grand écran! Le succès n'était pas garanti à l'avance, mais les chiffres sont apparus et ont montré qu'il y avait une réelle demande de voir un film de super-héros pas aussi aseptisé que les autres productions du genre. Si le prochain Lo**Texte en gras**gan sera R-Rated aux États-Unis, c'est en partie grâce à Deadpool. Les studios ont trouvé là un nouveau filon à exploiter. Et rien que pour cela, rien que pour le fait que Deadpool ait fait bouger les choses du côté des studios, alors que le projet revenait de loin, ça en fait un film pour lequel j'ai pas mal d'estime.

Et pourtant, le film n'est pas ce qu'il y a de mieux. Les gens l'ont qualifié de film subversif, mais il ne l'est pas autant que cela. Certes, c'est un film qui bouge un peu les codes du cinéma de super-héros (en apparence du moins), mais ça reste encore assez classique. Le gros souci de Deadpool, c'est que le récit tourne trop longtemps autour des origines du personnage. Je peux comprendre que pour des super-héros tels que Spider-Man ou Batman, les origines aient une importance, car c'est de là que découle la suite de leurs aventures. Mais un personnage comme Deadpool n'a aucunement besoin d'une origin story. À vrai dire, on s'en fout de savoir comment Wade Wilson est devenu Deadpool. Et ce choix scénaristique casse grandement le rythme du film.

Dommage, car les scènes dans lesquelles ce cher mercenaire taré apparait sont très drôles. Le personnage est bien amené et les vannes sont très bien présentées. Par contre, je n'ai pas compris les nombreuses vannes qui tournent autour du sexe. Ce n'est pas le genre d'humour qui représente le mieux le personnage. Dans les comics, à part au détour d'une vanne ou deux, il est rarement fait référence au cul. Du coup, ça donne une image assez corrompue du personnage tel qu'il est réellement. Il aurait mieux valu intégrer le délire schizophrénique de Deadpool, ça aurait eu plus de consistance.

Au final, j'attends surtout de voir la suite, car le public a pu se familiariser avec le personnage et on est enfin débarrassés de la classique origin story. Maintenant, le vrai délire peut commencer et j'espère que les scénaristes se lâcheront encore plus que pour ce premier épisode!