Un western road movie (description voulue par le réalisateur) ponctué de silences. Le casting est fourni, il y a de l'esthétique (noir et blanc) et de l'ambiance planante (bande son), mais au delà de l'histoire d'un homme pourchassé, les dialogues laissent le spectateur perplexe. Pourquoi le sort s'acharne-t-il sur ce blanc bec venu de la ville... quel est le message peut-on tirer de ce film ?

Mon interprétation : William Blake n'est au départ qu'un citadin qui ne connait rien à la vie. Lors qu'il quitte ses parents (symboliquement décédés) il va se confronter à la vie, la vraie. Celle où règne la loi du plus fort (celui qui détient l'arme à feu fait la loi), où la parole ne vaut pas grand chose (comme sa promesse d'embauche), où le bonheur (symbolisé par la rencontre de l'ex-prostituée) est éphémère et s'accompagne d'une sorte de malédiction : cette balle en plein cœur, qu'on ne peut pas lui retirer, est un chagrin d'amour, fatal. Au contact de l'indien poète, qu'il ne comprend pas dans un premier temps, William Blake va s'habituer à la balle qu'il garde en plein cœur, apprendre à voir "sans lunettes", et surtout prendre confiance en maîtrisant l'arme à feu (l'arme à feu de Blake symbolise sa poésie ou plus généralement l'art pour un artiste) , s'exprimer à travers elle, et s'épanouir en devenant symboliquement un vrai cow boy, qui dégaine et tire sans remords. Un épanouissement qui serait celui d'un artiste qui a quelque chose à dire, qui le dit haut et fort, même si la mort l'attend de toute façon au bout du chemin, et que seul son esprit lui survivra, grâce à son art.


critique publiée sur https://boulimiedeculture.wordpress.com/2023/08/24/dead-man/

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le 24 août 2023

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aldanjack

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