"Dead Man" fait parti des pépites des années 90, décennie qui a livrée autant de navets que de très bons films maitrisés avec un univers singulier, le film de Jim Jarmusch fait bien entendu parti de la seconde catégorie, un western sombre et poétique avec un noir et blanc esthétiquement sublime.

Johnny Depp campe le rôle d'un jeune comptable paumé dans une petite ville du far west, à la suite d'un meurtre conjugal il va se retrouver traqué, va alors commencer un voyage initiatique avec un indien de sang mêlé.
Dès les premières minutes l'univers décalé est planté avec ce dialogue fou entre Depp et Crispin Glover, l'arrivée au village est des plus pesantes digne des grands westerns spaghetti, s'en suit une scène très "Coen" où le jeune notaire se retrouve dans le rôle du looser typique, son destin va prendre un nouveau virage et les ennuis vont s'accumuler ... On suit en parallèle le chemin de 3 chasseurs de primes, avec notamment un excellent Lance Henriksen, et les situations rocambolesques vont se succéder avec une écriture jouissivement intelligente.
Le personnage de Depp lui est représenté comme la réincarnation présumée du poète William Blake (ou juste un simple hommage explicite de Jarmusch), l'indien "Personne" le voit comme tel en tout cas, et les deux vont errer dans les bois sans but et faire des rencontres impromptues comme ce campement de vagabonds (on reconnaît Iggy Pop et Billy Bob Thornton) ou les chasseurs aux trousses de Blake.
La dimension presque surnaturelle du personnage de Blake est intéressante, on dirait presque un mort vivant, il bénéficie d'une sorte de transformation vampirique, ses cheveux restent propres, il n'a plus besoin de lunettes, il ne fume pas (le film ne cesse de suggérer que fumer est presque un besoin vital), et la fin confirme un peu cette idée d'immortalité.
A noter également la bande son génialement composée par Neil Young qui nous transporte avec brio dans l'ouest américain, renforçant ce registre de western sombre et décalé.

"Dead Man" est donc un film extrêmement riche autant scénaristiquement qu'esthétiquement avec une mise en scène parfaite et un univers vraiment particulier et savamment dépeint, une véritable expérience à vivre.

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le 19 juin 2014

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JimBo Lebowski

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