Le film prend place en une brûlante journée d’été, durant laquelle une mère et sa fille rejoignent la prison de Fleury-Mérogis où, « de sas en sas », les deux femmes accompagnées d’un groupe composé de différentes classes sociales et de différents caractères vont s’affronter dans la fièvre estivale qui hante les 1h22 minutes du film. Ce huis-clos étouffant enferme le spectateur à son tour dans cette prison faite de bruits violents et de bouillonnement nerveux et physiques. Dans la prison se retrouvent enfermés et déshumanisés les détenus comme les visiteurs, qui, enfermés et contrôlés, sont traités en criminels ; et finissent par le devenir dans la scène de combat finale. Le traitement serré et étouffant de l’espace, dans lequel les personnages se cherchent, s’observent et se heurtent, est renforcé par la superposition de grilles dans un bâtiment coffre-fort. La claustrophobie des scènes se fait ressentir davantage avec intensité. L’atmosphère, bien que pesante dès l’ouverture du film, connaît une explosion de violence à chaque nouvelle pièce franchie. C’est une véritable montée en puissance de la tension, un crescendo dramatique, où chaque nouvelle pièce est témoin d’une nouvelle scène déchaînée entre les acteurs. Cela contribue à donner une impression de pièce de théâtre, renforcée par le huis-clos et par la temporalité réelle : le film subit peu de coupures, de sorte que le spectateur vit la même temporalité que les protagonistes, tout comme au théâtre. L’impact émotionnel et enserrant de l’action n’en est que renforcé ; et l’identification du spectateur aux protagonistes aussi. Ainsi, la salle du Festival est Arcs, en plein hiver, a ressenti la chaleur pesante et la soif dont les personnages sont victimes, voire même l’envie pressante de sortir de cet endroit confiné. C’est donc un véritable travail sensitif sur le spectateur que ce film, tant il joue sur les bruits, les silences, les échanges de regards meurtriers ou bienveillants, les gestes maladroits ou agressifs. Toute la mise en scène entraîne le spectateur comme les personnages dans un tourbillon, une véritable descente aux enfers rythmée par la fermeture progressive des portes de la prison.

Jeqeen
8
Écrit par

Créée

le 30 déc. 2016

Critique lue 685 fois

2 j'aime

Jeqeen

Écrit par

Critique lue 685 fois

2

D'autres avis sur De sas en sas

De sas en sas
easy2fly
7

Des femmes au bord de l'implosion

Dans un mois de février riche en sorties prestigieuses : Moonlight, Jackie, Silence, American Honey, Loving, Fences ou encore Lion, il y a ce film français passant inaperçu par la faute d'une absence...

le 28 févr. 2017

1 j'aime

De sas en sas
PatrickBraganti
6

Course de haies

Une course de haies, une succession d'obstacles, des heures perdues pour au final une demi-heure au parloir de Fleury-Mérogis, c'est exactement le parcours mené par ces femmes – auxquelles s'ajoute...

le 24 févr. 2017

1 j'aime

De sas en sas
Cine2909
6

Une autre vision du milieu carcéral !

Évoquer l’univers carcéral c’est généralement s’intéresser à ce qui se déroule au cœur des prisons, Rachida Brakni a choisi une autre direction. La réalisatrice a préféré se focaliser sur les proches...

le 19 déc. 2020

1 j'aime

Du même critique

Glory
Jeqeen
7

Critique de Glory par Jeqeen

Ce film bulgare met en scène l’encensement puis la chute du cheminot Tsanko Petrov qui, glorifié par le gouvernement pour son honnêteté, est par la suite démoli et humilié par la corruption de...

le 30 déc. 2016

5 j'aime

The Young Lady
Jeqeen
8

Manipulation

Le personnage de Katherine est le centre du film. Nombreux sont les longs plans sur son visage avec son expression inexistante et troublante. Tous les personnages secondaires gravitent autour d’elle,...

le 30 déc. 2016

2 j'aime

De sas en sas
Jeqeen
8

Crescendo

Le film prend place en une brûlante journée d’été, durant laquelle une mère et sa fille rejoignent la prison de Fleury-Mérogis où, « de sas en sas », les deux femmes accompagnées d’un groupe composé...

le 30 déc. 2016

2 j'aime