Le festival du film d'animation d'Annecy est le rendez vous pour tous les cinéphiles qui cherchent des films d'animation qui sortent des sentiers battus. On peut y trouver des films de pays qui sont souvent cantonné dans un seul style d'animation et dont on voudrait voir des évolutions, et parmi eux, le Japon fait figure de porte drapeau. Souvent rabaissé à un pays ne faisant que des films d'animations 2D dont les seuls rentables sont ceux adaptés de licence manga populaire, le Japon a pourtant un certains nombre d'artistes qui proposent des films différents et qui voient en Annecy la possibilité de montrer leurs arts. Parmi eux Yusuke Hirota et son 1er film Poupelle of Chimney Town (ou en français De l'autre côté du ciel) avec une animation 3D qui peut attirer des curieux et verdict: c'est une catastrophe.

Ca peut paraitre superlatif comme phrase mais je vais la dire parce que c'est vrai: "Rien ne va dans ce film". A aucun moment le film n'arrive à exposer une scène, à déployer un quelconque effet sans que cela ne fonctionne pas et sans te laisser dans un profond malaise. Le problème étant que l'histoire prend un premier degré parfois absurde de niaiserie qui le dessert totalement dans un film qui accumule les problèmes de rythme, de tempo dramatique, de mise en scène, de dialogue mal écrit... si bien que tu as l'impression de voir une blague. Les dialogues sont toujours trop long et sonnent creux en permanence tant les personnages n'ont rien à se dire, si bien qu'à des moments on a l'impression que même les fan-films, même les plus oscures, peuvent faire mieux. Faute de pouvoir tenir 1h20 de films avec des dialogues creux, le film accumule les clips musicaux de mauvais goût pour montrer les personnages en train de travailler ou de marcher qui servent à rien, même au bout de la 4e voire de la 5e fois. Le tout avec des musiques qu'on dirait tout droit sorti des platines de Jean-Pascale Zadi dans Coupez ! (j'ai pas encore vu Ne coupez Pas, je le rattraperai, promis). L'histoire est plutôt intéressante et mignonne dans son côté conte pour enfant, mais pas une scène n'est bien monté, et tout est toujours trop long. T'as une scène humoristique avec un homme-taupe qui ne fonctionne pas et m'a véritablement mis dans le mal durant les cinq minutes de la vanne. On veut nous présenter un personnage qui parle de trop pour ne rien dire et dont on ne comprend rien à ce qu'il raconte, bravo, en trente secondes c'est réussit et je hais très fort le personnage. Sauf que le film veut s'assuré que t'ai compris que le personnage est chiant, donc il pousse le vis trop loin, éternise une scène qui n'avait pas grand intérêt pour introduire un personnage qu'on ne reverra quasi jamais durant le film, même durant le climax... m'enfin, si on peut parler de climax. Rien n'est purement étonnant. On accumule les maladresses qui font qu'on voit arrivé les fusil de Tchekhov, et le film s'embourbe à vouloir faire genre qu'il est discret alors qu'il a la subtilité d'un éléphant dans une vaissellerie. Je ne sais même pas si c'est contient ou si (je pense) c'est de la pure chance, mais même si les fusil de Tchekhov ont une discression zéro, on arrive à ne pas être blasé lorsque ces fusils sont utilisés car on n'a pas l'impression qu'il les utilise. On a des fois où le film te fixe des fusils de Tchekhov d'une lourdeur infinit qu'on va ressortir avec des gros clin d'oeil, et d'autre (voulu ou non), qu'on te place et qu'on te ressors sans faire référence à la scène où on place le fusil.

On a une scène où le père parle du gaz chaud qui monte vers le haut. A la fin du film, le navire est transformé en dirigeable volant, mais on ne fait même pas référence à la scène du père dans son atelier. Ca a pour conséquence de ne pas avoir d'effet et de vaguement ranimer les souvenirs de certains qui se demanderont après coup si ce clin d'oeil était voulu ou accidentelle. Ils ont réussit à faire fonctionner un fusil sans appuyer sur la gâchette, c'est démentielle un tel niveau le ratage.

La réalisation va trouver des astuces pour éviter de montrer que le film a été financé par le budget sandwitch/café chez Nitendo (ce qui n'est pas tant étonnant quand on sait qu'à la base, le réalisateur vient du jeux vidéo). Le film utilise un moteur 3D pour cinématique de jeu vidéo, ce qui explique par moment que les personnages aient une forme étrangement ronde et dynamique pour un film car c'est un moteur de rendu fait pour que le personnage soit utilisé dans un but immersif et intéractif, et non dans un but démonstratif comme au cinéma. Mais plus que le modèle des personnages qui a un problème, c'est la technique d'animation qui ne fonctionne pas car elle demande une manière de penser l'animation et la prise de vu qui ne convient pas avec la direction artistique du film. Ce qui fait que durant le premier quart du film, lorsque la caméra va trop bouger et essayer des plans moins fixe et envolé, l'image ressemble à une cinématique de jeu Nitendo 3DS / Nitendo Switch. C'est notamment pour cela qu'on va utiliser les 3/4 du temps de l'animation limité afin de (possiblement) rendre un hommage à un style d'animation assez populaire dans un temps, mais (surtout) éviter que la caméra ne bouge de trop. On va surtout être sur des disposition où soit la caméra bouge (on n'est pas non plus chez Cuaron ou Iñárritu avec des plans allant dans tous les sens, on est sur quelque chose de très académique), soit un personnage bouge, mais jamais les deux en même temps. On voit que l'animation sent le fond de tiroir niveau budget. On a une scène de danse en ouverture de film douteuse et grotesque, qui débarque de nulle part, qui est d'une dégueulasserie sans nom. Les personnages en jeux font des danses mécaniques non naturels façon animation pré-fabriqué trouvable sur Mixamo ou autre site spécialisé gratuit, la musique est vraiment pas entrainante et est franchement dérangeante, et on obtient une simili animation amateur qu'on peut trouver sur Tik Tok ou Instagram.

C'est désastreux, mais on n'a pas réellement envi de taper dessus car on sent que le film parfois essaye des choses, même si cela se vautre lamentablement.Je parlais que les dialogues étaient mille fois trop long qui rendait le film lourd (le tout accentué de scènes vraiment ridicule façon théâtre Shakespearien dans un surjeux permanent), mais même les idées de mises en scènes sont mille fois trop longue. On a une scène où le héros va pour sauver quelqu'un dans un camion à ordure qui va utiliser plusieurs codes et référence au jeu vidéo avec une première phase en 2D façon Super Mario Bros avec un montage essayant des ruptures de ton (mais vu qu'on est en début de film et qu'on n'a pas instauré de véritable ton, bah ça ne marche pas, au mieux ça fait sourire... jusqu'à que l'effet soit répété neuf fois de trop), puis une phase rappelant certains niveau dans Mario Galaxy, et une troisième avec des cordes qui peut rappeler des jeu type Donkey Kong Country. Ces clin d'oeils et ces réutilisations de mécanique de jeu vidéo peuvent être intéressante mais sur le moment ça sort de nulle part, c'est mille fois trop long parce qu'au bout du 4e allé retour de caméra qui veut switcher d'un personnage à un autre, t'as envi d'étrangler le caméraman, ça accentue le sentiment que le film est une immense cinématique de jeu vidéo, et ce n'est pas assez entretenu / utilisé par la suite pour que cela ait une réelle forme d'utilité. On retournera par la suite sur quelque chose de plus convenu car pas assez de budget, et les idées du début sentent un peu comme une exception qui confirme la règle. Il y a des plans de cinq secondes où l'on joue sur du noir et rouge, où l'on va jouer sur les couleurs pour créer de la tension, mais tout de suite après on fait une rupture de ton trop grande et on soupir lourdement. La scène de création de Poupelle est très intéressante avec de la vue subjective et une tentative de rendre Poupelle effrayant avec de la bave qu'on dirait presque comme du pétrole... mais on le filme avec très peu de finesse, on dirait Bud des Zinzin de l'espace. Cependant, malgré tous les points négatifs, il y a bien une scène qui fait mouche et qui réussit EN-FIN à créer quelque chose. C'est une scène de baston et de monologue qui est étrangement bien faite (le monologue en lui même est ultra pompeux / verbeux dans son texte et ça sent parfois l'enfant de 4 ans qui apprend à écrire un récit d'aventure), où le contenu du monologue vient souligner la violence des combats, le tout avec très peu de musique pour garder une forme de brutalité et de pureté... c'est une très belle scène mais qui arrive après 1h d'un film malade et épuisé. A partir de cette scène ce fût tout de suite plus agréable au premier degrés, pour qu'au finale on retombe dans du pathos et des gros violons pas très subtiles, mais ENFIN j'ai pu profiter du film.

C'est douloureux, malheureux, dommage, plein de bonnes intentions, mais c'est surtout terriblement raté. Le propos de fond et l'histoire pourrait rattraper le tout mais on sent que le réalisateur ne comprend pas ce qu'il fait et n'a pas le recul suffisant pour mettre en scène cette histoire. On cherche à créer un parallèle avec le Japon / Tokyo (parfois de manière non subtile en reproduisant à l'identique un coin de Tokyo, et pas le moins connu, on est au niveau de représenter Paris avec la tour Eiffel dans le fond et un café parisien) afin de parler d'écologie et d'ouverture au monde extérieur qui peut faire écho à une certaine manière qu'a le Japon de voir le monde et l'art en générale. Le Japon est historiquement un territoire replit sur lui même et est souvent décrit comme une terre qui ne se nourrit que de sa propre culture par peur de l'étranger, peur de l'ailleurs. Nombre de réalisateurs allant de Mamoru Hosoda à Hiromasa Yonebayashi ont déjà traité de ce sujet et soulignent de manière maligne et poétique cette nécesité de la culture japonaise à aller voir ailleur pour mieux s'enrichir et briser des barrières qui ne font que freiner l'art japonais, et on sent que le film veut parler de ça aussi. Cependant, en adaptant des codes purement japonais et en faisant référence exclusivement à la culture japonaise (notamment le jeu vidéo japonais), le film montre qu'il n'a pas réellement compris son message ou qu'il ne sait pas accorder la réalisation à son propos de fond. C'est chaotique. Je n'ai pas sessé de rire durant la quasi totalité de la séance, d'un rire nerveux que je n'avais pas eut depuis Birdemic, mais je sais très bien que ce n'est pas l'effet recherché, et c'est ça qui rend le film plus triste qu'autre chose. Ce n'est pas méchant, ça essaye des trucs, mais la chose est que c'est surement l'un des films les plus ratés que j'ai pu voir depuis un bout de temps. Ma séance de cinéma m'a au moins permis de passer un bon moment à rire du film avec un ami que j'avais pas revu depuis un moment, j'en garde pas un souvenir méchant, c'est l'essentielle.

6,5/20

N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis.

Créée

le 30 août 2022

Critique lue 164 fois

Youdidi

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