Ni un biopic, ni un film historique

Ayant encore en tête l’œuvre de nos amis Anglais sur le combat de Churchill durant les heures sombres de l'Histoire, il me fallait voir son pendant français.

De Gaulle, figure encore intouchable de nos jours. La Seconde Guerre mondiale, période incontournable de notre Histoire contemporaine.

Le résultat m'a laissée sur ma faim.

Le film commence en mai 1940. Alors, bien entendu, dès les premiers instants, on attend la partie sur l'appel du 18 juin. ...qui ne survient que dans les toutes dernières minutes du film.
Frustration. On nous vend un biopic, et l'on ne porte pourtant à l'écran que les 2 petits mois qui amènent au fameux message radio depuis Londres.
Ne sont ainsi traités ni le début de la guerre, ni les répercussions de l'appel du 18 juin, ni... rien d'autre. Pas d'éclairage plus large, ni sur la période historique, ni sur le personnage de De Gaulle avant et après.
Il y aurait pourtant eu largement de la matière, ne serait-ce que dans les phases de négociations internationales et la réorganisation du monde à l'issue de la guerre.

Quitte à se concentrer sur une période si réduite, les dissensions politiques face à Pétain et Reynaud auraient pu mériter davantage d'approfondissement. Elles ne semblent résumées qu'à une opposition "continuer de se battre" vs "accepter la défaite".

Tout n'est bien sûr pas à jeter.
Loin de la grandiloquence, tout en sobriété, on aperçoit l'exode des Français sur les routes, on esquisse les enjeux de la diplomatie des deux côtés de la Manche, on suggère l'absence de poigne du président de l'époque, l'opportunisme de Pétain et le franc-parler de Churchill. Pendant que les Français étaient sur les routes pour fuir leurs villages détruits, on regarde, nous, De Gaulle prendre l'avion entre Paris et Londres, peaufinant son discours entre des murs prestigieux.

Mais tout ceci demeure survolé. Alors, faute du grand film historique auquel on s'attendait, on dépeint en revanche, en parallèle de la débâcle française, un De Gaulle somme toute assez banalement porté sur sa famille, notamment sa femme Yvonne et sa benjamine, Anne.
On évite ainsi l'écueil de traiter De Gaulle en héros de manière trop manichéenne, pour nous montrer simplement l'homme : le père de famille, et le militaire élevé aux hautes sphères du pouvoir, qui refuse de laisser l'ennemi prendre la France.