Il faut pas ouvrir le tunnel, ou il va imploser. Mais si on attends, il va exploser...

J’aime véritablement sans limite Daylight, qui se révèle être un nanar d’action/catastrophe véritablement savoureux dans sa manière de nous imposer des clichés monstrueux avec la délicatesse d’un coup de massue. C’est simple, on commence par la présentation des personnages que nous allons suivre pendant le film. Il y a d’abord le couple de vieux avec leur chien, qui s’attacheront énormément à leur animal (comme si il était leur fils), qui deviendra un personnage à part entière dans le film. Nous avons l’écrivain, une femme de la classe populaire qui couche avec un homme marié qui la relègue au second plan, qui vit dans un appart crasseux où les cafards courent dans tous les coins et où les rats font leur nid carrément dans sa commode. On a les taulards en transfert qui ont fait de la petite délinquance, la famille recomposée instable sentimentalement, le gardien black qui doit annoncer sa demande de mariage dans la soirée à sa compagne (et on sent qu’il ne va pas tarder à prendre sa retraite aussi)… Puis enfin notre Stallone, chauffeur de taxi mais en fait il a un lourd passif où il a étudié en profondeur tout le tunnel en question, mais où une de ses actions a entraîné la mort d’un pompier gradé, qui lui a valu un licenciement. Bref, c’est le héros américain, condamné pour la faute à pas de chance, mais qui revient prendre du service pour sauver des gens (les pompiers le traitent encore comme un chef). Ainsi, à chaque fois qu’il y a quelqu’un à sauver, Stallone donne immédiatement le bon conseil, alors que tous les conseillers autour semblent réunis en une vague confédération destinée à le faire chier en faisant l’inverse de ce qu’il dit avec des arguments bidons (une femme tient à bout de bras un câble électrique haute tension, Stallone gueule de couper le courant alors que le chef du tunnel ne veut pas, ça risquerait de couper le ventilo qui n’a strictement rien en commun avec ce câble). Stallone réclame trois heures pour aider les survivants ? Une heure après son départ, la maire ordonne de déboucher le tunnel pour remettre la circulation en route, par ce que là c’est plus possible les embouteillages… Et parlons du groupe de survivants maintenant. Rapidement, ils se regroupent, et découvrent qu’ils ont la chance d’avoir un sportif de haut niveau avec eux, qui veut tenter lui aussi l’escalade d’un conduit d’aération effondré (Viggo Mortensen, assez drôle en wasp blond voué à mourir). Entre temps, on aura droit aux condamnés tirés de leur fourgon par notre pauvre écrivain, qui essayera de raisonner un taulard apeuré par les sentiments alors qu’une bonne engueulade à la barbare marche beaucoup mieux. Là, arrive notre Stallone cabriolant, se contortionnant dans les ventilateurs pour déjouer le système de sécurité. Une scène très drôle, où notre stallone attend à chaque fois les 5 dernières secondes pour passer entre les pâles et atteindre le ventilo suivant. Et pour compenser le mouvement final du ventilo, on a droit à un numéro de course à pied sur les parois du tuyau pour compenser le mouvement de rotation de la corde. Tout un numéro ! Là, Stallone est direct pris en grippe par tout le monde, les survivants se mettant à lui gueuler dessus (même le chien, à se pisser dessus) parce qu’il est tout seul. Là, un des blacks prisonniers dit à Stallone qu’il est le chef. Stallone n’insiste pas, et alors qu’il se met en route pour rattraper le wasp blond, le noir baraqué l’attrape par le coup en gueulant « Je t’ai dit que c’est moi le chef ! T’as essayé de me baiser ? ». Il est bon pour mourir, celui là. Ca tombe bien, deux minutes plus tard, le tunnel de ventilation s’effondre. Stallone sort en trombe et tombe alors sur le black prisonnier qui brandit un caillou en gueulant « Tu t’es moqué de moi, salope ! ». Et là, le tunnel explose et le black se prend l’explosion en pleine gueule (pourquoi est-ce que le tunnel de cailloux explose, je n’en sais foutre rien, probablement qu’ils stockaient de l’essence dans le mur…), et agonise avec une barre en fer plantée dans le bide. Et là, il commence à se lancer dans des regrets, et finit par faire promettre aux survivants d’aller voir ses parents et « de dire que j’ai essayé de sauver des gens… ». Mort alors théâtrale et dramatisée de ce gentil taulard, alors qu’il y a 5 minutes Viggo Mortensen crevait dans l’indifférence générale. Alors, il s’agit de survivre maintenant. Stallone se lance alors dans tout un tas d’explications scientifiques vaseuses hallucinantes (il faut penser à la pression, car avec l’eau qui commence enfin à rentrer dans le tunnel, ce dernier pourrait exploser. Il ne faut pas non plus l’ouvrir trop vite, car sinon, le tunnel va imploser sous le poids de l’eau. Enfin, l’eau est froide, ce qui risque de provoquer un problème d’hypothermie (moment de silence quand retentit le poème destiné à illustrer la chose). Stallone se lance alors dans l’explosion d’une fuite d’eau pour la boucher, ça marche moyennement, mais c’est très impressionnant. Puis là, le black gardien est aspiré dans un trou d’eau et il se retrouve avec la colonne brisée, mais tous les survivants viennent pour l’aider. Cependant, avec son handicap, il devient intransportable. Alors, Stallone et notre handicapé se lancent dans une conversation exhacerbée de bons sentiments, où finalement, notre gentil gardien dit aux survivants de continuer et de le laisser derrière à son triste sort. Sortez les mouchoirs, la musique rend vraiment le moment déchirant (bon je suis mauvaise langue, c’est clair, mais l’accumulation de détails rendant le personnage hautement pathétique en fait un cliché mémorable du bon « noir » brisé par une malchance récurrente). Puis nos survivants se lancent enfin vers la sortie de secours : les anciens appartements des ouvriers qui bossaient sur le tunnel. On a la séquence bestiole avec tous les rats de l’édifice qui se dirigent vers la sortie (faut les suivre, donc). Mais si certains arrivent à s’échapper, Stallone et notre pauvre écrivain restent bloqués dans le tunnel. Et là, Stallone insulte copieusement le tunnel, et il se lance dans la création d’un nouveau phénomène physique : en faisant péter le toit du tunnel, l’aspiration de l’air qui s’échappe va les faire remonter direct à la surface. Aussitôt dit, aussitôt fait, et notre film catastrophe se termine gentiment, avec certes quelques morts (il y en a même un qui ouvre tout seul une portière à un moment), mais un bon quota d’explosion et surtout des personnages pas caricaturaux, et guère gênés par les fumées toxiques des déchets toxiques explosifs… Bref, un nanar cher de compet, mais un de mes plaisirs coupables favoris.
Voracinéphile
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le 16 janv. 2015

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