Technique ou émotion ? Dur de faire les deux à 22 ans...

Day of the fight (inspiré de faits réels, cela jouera peut-être plus tard sur la volonté de Kubrick de faire des adaptations plutôt que des scénarios originaux ?) nous raconte le déroulement du jour le plus important d'un boxeur, de sa messe du matin au combat du soir.


Allier la technique à l'émotion, l'une des choses les plus dures pour un réalisateur. Dans ce film, Kubrick jeune réalisateur de 22 ans privilégie la technique à l'émotion ; une lumière, une composition et un découpage trop parfait, trop lisse pour toucher le spectateur. Heureusement plus tard, Stanley utilisera son perfectionnisme maladif (symétrie, point de fuite, mouvement de caméra) au service du scénario et de l'émotion transmise. La symétrie de Kubrick servira à amener un malaise. Par cette perfection (Kubrick fait le montage, la photo et le son), le film perd donc son âme. L'histoire nous parait très brute, très réelle, on dirait une sorte de documentaire plus qu'une fiction.


On retrouve pleins de points communs avec Flying Padre son précédent "court-métrage". L'utilisation de la voix-off qui présente les personnages, le contexte, les enjeux. La voix-off parle beaucoup de la relation entre les deux frères Walter, elle décrit aussi l'impatience du boxeur pour son combat du soir. La musique classique est très présente elle fait peu à peu monter la tension et vient s'arrêter pendant le combat pour reprendre à la fin. Les transitions sont soit des fondus au noir soit des fondus enchaînés (il y en a pleins). On retrouve des bruitages qui viennent par dessus la musique ou non, par exemple pendant le combat il n'y a pas de musique mais les bruits de la foule en liesse. Le montage est efficace, il ne perd pas de temps avec les choses inutiles (ex : entrée des personnages dans un lieu). J'ai bien aimé le montage alterné pendant le combat avec les tête des spectateurs, ça fait bien monter la pression. Techniquement, on l'a dit la lumière est très belle surtout pendant le combat ou la tête des boxeurs est dans l'ombre et le reste dans la lumière. Au niveau de la mise en scène c'est comme pour Flying padre originale et encore plus pour l'époque. On voit des contres-plongées, des raccords (plus ou moins réussis hein) des gros, des moyens et des plans d'ensembles etc. Les mouvements de caméra ne m'ont pas marqués, il faudrait que je revois le film pour juger. Notons une nouveauté, le jeux avec la mise au poing sur un plan terriblement original pour l'époque.


l'objectif de Kubrick et de Alexandre Singer (qui lui a donné sa chance de réaliser) est à l'époque de concurrencer les mêmes genre de films fais avec 2 ou 3 fois le budget déployé dans Day of the fight et 'on doit dire que c'est plutôt réussis. Malgré tout le film manque d'âme et le jeune réalisateur de 22 ans et encore trop concentré sur la technique (ce qui est normal à cet âge). Cependant comme dans Flying padre on voit déjà à quoi ressemblera le cinéma de Kubrick dans les grandes lignes.

lecinematologue
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le 5 juin 2018

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