« Déchaîner » le monstre, révéler l’humain

Danny The Dog est une œuvre surprenante qui fonce tête baissée dans la violence chorégraphiée pour mieux anticiper un virage à 180 degrés et se raccorder à l’émotion la plus simple. Louis Leterrier donne vie à un personnage principal écartelé entre la bestialité dans laquelle il a été contraint de vivre et l’humanité, mieux la bonté qui se cache en lui tel un trésor insoupçonné. Son film est une révolte contre l’esclavage domestique et des rapports de force qui ne trouvent à s’imposer que par la peur, qui coupent l’individu de ses racines familiales pour le remodeler, le transformer en machine de combat. L’interprétation de grande qualité qu’en propose Jet Li offre au personnage une rugosité qui n’exclut pas la tendresse, et à l’inverse une gentillesse qui porte en elle les séquelles d’une violence toujours prête à exploser.


Le collier qu’il est forcé de revêtir constitue le symbole de soumission par défaut, un accessoire de dégradation puisqu’il indique l’appartenance à un maître, un accessoire qui altère la liberté réactionnelle de Danny, conditionné pour attaquer lorsqu’on le lui ôte. Aussi la scène d’affranchissement, scène durant laquelle Victoria envisage de détacher le collier du cou de Danny, prend-elle le spectateur à la gorge, l’adolescente ne sachant pas quelle sera la réaction de l’homme de trente ans qu’elle s’apprête à « déchaîner ». Transparaît ici un acte de foi en l’humain et sa sensibilité, aussi profondément enfouie puisse-t-elle être, qui permet à Louis Leterrier de revisiter le cinéma d’arts martiaux en l’inscrivant dans un cadre inhabituel – Glasgow, en Écosse – et le liant à une intrigue familiale originale.


Danny The Dog est une belle réussite qui brosse le portrait d’un protagoniste marginal peu à peu nettoyé de l’image monstrueuse qui lui collait à la peau et raccordé à l’humanité par l’amour et la musique. Si la mise en scène a parfois tendance à charcuter ses combats, notamment ceux du début, si la désaturation de l’image, bien qu’elle serve à rehausser la chaleur qui se dégage de l’appartement de Sam, s’avère assez laide, le film ose mêler les registres sans excès, impressionne, attendrit et fait rire. Une très bonne surprise.

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le 3 avr. 2020

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