Une expérience tout bonnement impossible de décrire. Une sorte d'uchronie du langage cinématographique où John S. Rad semble vouloir assimiler le confort d'un spectateur à celui d'un séjour dans une prison iranienne.
C'est bien simple je crois avoir halluciner à chaque coupe tant la narration ne veut plus rien dire. Je ne parle pas d'erreurs de faux-raccords, de fluidité, de continuité mais tout simplement de logique dans l'enchaînement des plans. La moindre tentative de montage parallèle, et même d'ellipse, se transforme en happening incompréhensible qui pousse certains moments aux confins de tout esprit critique. Le mec qui se retrouve à poil dans le désert devient à ce titre grandiose et l'acteur passe par toutes les étapes du survivant sur une île déserte qui fait ce qu'il peut pour occuper l'espace tout en y laissant sa santé mentale.
Des exemples de ce niveau sont trop nombreux pour tous se les remémorer et il faut lancer un travail collectif pour être sûr de ne rien oublier des séquences sensationnelles qui s'enchaînent, tant par incompétences que par des situations inimaginables ailleurs que dans un nanar : un couteau caché dans la raie des fesses, un bar dont la porte de sortie donne directement sur une plage, des acteurs masculins qui portent tous de glorieux slips kangourous blancs XXL (les actrices ont droit à des strings plus variés), le suspens avec le pied coincé sous le siège de la voiture, la victime qui drague le héros juste après sa tentative de viol, les accélérations soudaines du montage (le policier black et sa meuf ; la dernière scène "érotique"), la poursuite à pied final avec le vieux shérif à la limite du soin palliatif (et qui lit carrément ses lignes de dialogues quelques séquences plus tôt quand il est à son bureau avec le scénario sous les yeux)...


Et encore tout ça n'évoque les lacunes habituelles du genre et qui sont ici sublimées : les acteurs exécrables (et choisi en dépit du bon sens comme le père qui semble avoir deux ans de plus que sa fille), les postiches, le scénario qui change de direction toutes les 20 minutes), le racolage d'un candide bon goût comme la danseuse de ventre. Enfin, il faut souligner cette bande-originale mirifique totalement à côté de la plaque et omniprésente avec des boucles de 30 secondes (rah... cette descente de synthé)

anthonyplu
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le 18 déc. 2017

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