Good Milk (for your consideration)
La première partie du film m'a fait peur. Peur de tomber dans le schéma très établi désormais du biopic à performance (un rêve sans doute pour acteur qui veut faire ses preuves, McConaughey ici) avec une introduction trop longue et trop raide du personnage de Ron Woodroof. C'est d'ailleurs globalement ma principale réserve sur le film, le traitement de ce personnage, aussi brutal qu'ait pu être sa propre évolution, manque de nuances dans une rédemption dépeinte un peu trop brutalement.
Malgré tout, alors qu'on s'attend quand même à voir les acteurs bouffer l'histoire et le film (comme un Milk de récente mémoire sur un sujet également très fort), Jean Marc Vallée ne se laisse finalement pas dépasser et laisse cette histoire édifiante s'imposer d'elle même, avec une réalisation qui s'efface quand il le faut et une direction d'acteurs qui sert très bien l'humanité de son sujet.
Il faut dire qu'il est parfaitement servi par son duo d'acteurs, McConaughey évidemment qui n'en finit plus de surprendre son monde, mais surtout par un Jared Leto multi-récompensé à juste titre. Son personnage de transsexuel, certes secondaire mais qui représente quand même le cœur de l'histoire, de la bataille de ces malades invisibles et conspués, est très bien utilisé par Vallée et incroyablement interprété par Leto. Le mot performance n'est même pas adapté tant il incarne le personnage avec une justesse, une humanité, une force qui laisse con et brise le cœur. Lui seul justifie le déplacement.