Pour son premier long-métrage, Christophe Gans imposait son envie de faire du cinéma français différemment des autres. Avec ses influences qu'il doit autant au cinéma asiatique qu'à la bande-dessinée, le cinéaste s'est fait le porte-parole de toute une génération lassée de voir toujours les mêmes films français sortir à la pelle. Voilà donc que Gans s'éloigne des sentiers battus (ce qui explique pourquoi sa carrière compte plus de projets non concrétisés que de films réalisés) en adaptant un manga racontant l'histoire d'amour entre un tueur et une peintre ayant assisté à une de ses exécutions. Plutôt que d'abattre la femme, le tueur, le Freeman qui verse une larme à chaque fois qu'il tue quelqu'un, préfère se mettre à dos toute une bande de yakuzas qui veut sa mort. On ne peut pas vraiment lui en vouloir car Julie Condra est tout à fait magnifique dans ce rôle. Il se dégage donc de ce film un vrai souffle romanesque, une passion du cinéma qui transpire à chaque cadrage sans pour autant tomber dans la citation. Non, Gans a bien assimilé ses références et nous offre une œuvre personnelle, mieux réalisée qu'écrite comme c'est toujours le cas avec lui. Ici, le scénario n'est pas mauvais, il est juste ultra-simpliste. Pas de psychologie superflue mais beaucoup d'action et le physique de Mark Dacascos dans un rôle qui lui va à ravir. Avec en prime un Tchéky Karyo toujours bon quand il joue les salauds, "Crying Freeman", à défaut d'être parfait, est un film tout à fait réussi dans son ambition de conjuguer cinéma spectaculaire (et beau) et cinéma français. Un charme et une passion aussi évidents, on ne va tout de même pas bouder notre plaisir.