Les larmes écarlates du potier assassin.

Comme l'avait fait un certain Luc Besson au tout début des années 80 avec "Le dernier combat", le frenchy Christophe Gans tentait, au milieu des années 90, de renouveler un peu un cinéma européen légèrement endormi, de prouver que l'on pouvait, nous aussi, faire aussi bien que les asiatiques sur leur propre terrain.

Pour son premier long-métrage en solo, Christophe Gans adapte le manga de Kazuo Koike et Ryoichi Ikegami et se fait visiblement plaisir, balançant à l'écran tout ce qui lui plait, débutant ainsi une carrière basée avant tout sur l'envie et le partage, un cinéma bien plus généreux que réellement réfléchit.

Si l'on perd malheureusement beaucoup de l'érotisme sulfureux de l'oeuvre originale, Gans en conserve heureusement tout le romantisme, à travers l'éveil à la sexualité d'une jeune femme incarnée par la ravissante Julie Condra (j'avais oublié à quel point cette femme est belle) et de son amour naissant pour un tueur à gages campé par un Marc Dacascos athlétique et d'une beauté folle, compensant un jeu limité par un charisme à toute épreuve.

Digérant parfaitement ses influences et évitant soigneusement l'indigestion qui flinguera en partie son "Pacte des loups", Christophe Gans fait preuve d'une maîtrise évidente de la mise en scène et du montage, offrant des séquences d'action magnifiquement chorégraphiées, presque dignes d'un John Woo de la grande époque.

Bien que daté et souffrant d'un scénario bancal et d'une interprétation inégale, voir peu convaincante, "Crying Freeman" est un premier film qui transpire l'amour du genre et du cinéma, l'oeuvre bancale mais sincère d'un fan ayant eu envie de se faire plaisir. On ne pourra pas lui en vouloir.

Créée

le 23 févr. 2014

Modifiée

le 23 févr. 2014

Critique lue 1.5K fois

23 j'aime

1 commentaire

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

23
1

D'autres avis sur Crying Freeman

Crying Freeman
PierreAmo
10

Christophe Gans a changé ma vie

J'ai vu des milliers de films et pourtant je me souviens encore d'avoir vu Crying Freeman sur grand écran à sa sortie...moqué à l'époque par Ruquier à la radio et autres, je cite: "encore un film...

le 6 sept. 2015

20 j'aime

15

Crying Freeman
magyalmar
4

Potier professionnel, c'est pas facile tous les jours

Je vais enfoncer une porte ouverte, mais Crying Freeman est un film de fanboy. Et c'est bien là le problème. Christophe Gans, pour son premier coup d'essai au format long, ne semble pas avoir été...

le 1 mars 2017

6 j'aime

Crying Freeman
fayavince
7

Critique de Crying Freeman par fayavince

Adaptation honnête du manga culte de Koike. Mais au delà de ça, c'est un vrai hommage au cinéma de Hong Kong des grandes heures. Maniéré comme du John Woo d'époque. Romantisme et action chorégraphié...

le 6 août 2010

5 j'aime

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

268 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

208 j'aime

20