"Je vais vous montrer comment on gagne la croix de fer!"

Certains font la guerre pour servir leur pays ou un idéal. La plupart font la guerre parce qu'ils n'ont pas le choix, parce que c'est les ordres. Et puis il y'a le capitaine Stransky qui fait la guerre pour obtenir la croix de fer. La croix de fer c'est un petit bout de métal joliment taillé et attaché à un élégant ruban. C'est aussi la plus haute distinction décernée par la Wehrmacht. D'où l'ambition de notre cher capitaine Stransky qui rêve de gloire et de reconnaissance.


En mettant en scène des soldats allemands sur le front russe Peckinpah fait figure d'exxeption, et sort du cadre très codifié du film de guerre hollywoodien. Cette fois les soldats allemnds sont bel et bien des êtres de chair et de sang, et pas des pantins articulés tout juste bon à jouer les mannequins de crash test.


Un renversement des perspectives bienvenue, mais à part ça rien de bien nouveau sous le deluge de feu et d'acier. Les soldats de l'armée rouge remplissent aussi bien le rôle de chair à canon que ne le font les allemands dans la majorité des films du genre. De même que les personnages qui semblent déjà vu. On retrouve le bleu bite arriviste et prétentieux (ça c'est notre Stransky) opposé à un vieux briscard sans idéal ni illusion (Ca c'est Steiner campé par le génial James Coburn).


Certes un petit manque d'originalité côté scénario, compensé par la patte et l'esprit tordu de Sam Peckinpah. Deux heures de film, deux heures de gros plan sur des canons crachant des balles, de corps déchiqueté, de nihilisme dérangeant. Peckinpah à la hauteur de sa réputation de chantre de l'ultraviolence et des massacres filmés au ralenti.


Une brutalité si extrême et futile qu'elle en devient absurde. Une absurdité qui va de paire avec le personnage de Stransky qui semble perdu au millieu du front russe. Sa quête de la précieuse croix de fer arrive au pire moment. Nous sommes en 1943, la Wermarcht fui l'armée rouge sur des kilomètres, tandis qu'en Afrique Rommel per du terrain. C'est à ce moment que Stransky se fait muter au sud de la Russie, dans la péninsule de Kouban, qui est en train de se transformer en cul-de-sac pour des milliers d'homme. Une situation alarmante dont Stransky ne semble pas avoir conscience, comme un gamin amnubilé par son objectif.


Le thème de l'enfance est essentiel ici, à l'image de ce générique qui vient ceuillir le spectateur dès la première seconde, dans lequel on peut entendre des enfants chanter une comptine allemande, sur fond d'image alternant entre des scènes de combat ou de cannonade et des scènes d'amusement et de jeux. Le message est clair, la guerre n'est pas un jeux. Pourtant à la dernière scène du film Steiner à l'air de bien se marrer en voyant que Stransky ne sait pas jouer à la guerre.

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le 22 janv. 2019

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BenByde

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