Ah que c'est bon! Du cinéma! Du vrai! Regorgeant de trouvailles, bâtissant peu à peu une atmosphère fabuleuse, couvant un univers empli de noirceur et de féérie, Crimson Peak sera un régal pour celui qui aime la créativité que peut offrir le 7ème art.


Passons sur un scénario, il faut l'avouer, bancal et vide. Del Toro, mis à part une certaine réflexion à peine effleurée sur le deuil, échoue à faire vivre son propos, amorphe sous cet amas informe et baroque. Les fils scénaristiques sont vus et revus, on devine aisément l'itinéraire que va emprunter l'intrigue; vraiment rien de folichon de ce côté, et c'est bien dommage.


Là où Crimson Peak atteint des sommets, c'est dans ce qu'on voit apparaître à l'écran. Véritable feu d'artifice visuel, on se délecte à chaque plan de ce décor grandiose (ce château...que dire de ce château...modèle d'inventivité et de poésie-des trous dans la toiture laissent passer la neige et les feuilles en automne, les murs sont tapissés de papillons de nuit, l'ameublement est vieux, croulant, les objets fourmillent un peu partout - le contenu visuel est si riche que l'odeur du lieu pourrait, si l'on y prête une narine attentive, nous atteindre ) de ces fantômes si bien définis qu'ils en sont, pour une fois, terrifiants; de ces beaux costumes qui vont si bien à des acteurs au sommet de leur forme. Les personnages, quoiqu'un poil trop caricaturaux (même pour un conte), sont charismatiques. Jessica Chastain est fascinante; je me demande encore jusqu'où elle ira, dans la variété de ses rôles et dans la richesse de son interprétation (elle est quand même passée de l'agente austère de la CIA à la terrible soeur machiavélique en passant par l'astronaute rêveuse).


Moi j'en redemande Monsieur Del Toro! Puissiez-vous durer encore longtemps, multiplier les films de cette envergure, et même faire école. Parce que le cinéma a plus que jamais besoin d'une telle audace formelle, à l'heure de l'hyperstandardisation de l'industrie hollywoodienne.

gaspard24
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le 17 nov. 2015

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