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L’enfance est cinématographique. Parce que les enfants sont des monstres regrettés. Les yeux d'Ana ou deux madeleines trempées dans le passé.

Ce n’est pas le film anti-franquiste annoncé (du moins, ça ne l’est plus), mais plutôt sur l’enfance, le deuil de l’enfant. Le rôle principal est tenu par une gamine de huit ou neuf ans. On la suit, elle, ses deux sœurs, sa bonne, sa tante, et ses souvenirs — ses fantasmes presque — de sa maman disparue. J’ai un peu tardé à le voir, m’attendant à un film un peu glauque. C’est triste, forcément, les gamines viennent de perde leur mère et leur père. Il ne se passe pas grand-chose pourtant en rapport avec le deuil ; on le sait, comme un spectre, et c’est suffisant. Il n’y a pas d’intention de mettre en forme un récit linéaire. Le récit, c’est celui de cette gamine à l’œil perdu, semblant vivre dans son monde à elle, et qui nous y invite. On dit dans la vie, quand on voit quelqu’un avoir les yeux dans le brouillard, « à quoi tu penses ? », eh ben là, on sait, parce qu’on le voit, on nous le montre. Et il n’y a que le cinéma pour nous donner ça.

Le sujet d’Apu, c’était déjà l’enfance, le deuil. L’approche ici est totalement différente. Dans le film de Ray, la mort des êtres chers illustrait la marche du temps, la peur de ce qui arrive, le poids de la tradition millénaire souvent bousculée par une modernité écrasante. Ici, il ne se passe rien. Le deuil est déjà arrivé, et le monde des vivants autour du foyer n’existe quasiment plus ; la vie semble sans espoir, ou déjà hors du temps, et il ne peut plus y avoir de peur parce que le pire est déjà là.

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Limguela_Raume
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le 21 oct. 2023

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Limguela_Raume

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