Creed III
5.9
Creed III

Film de Michael B. Jordan (2023)

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Après 26 années de purgatoire, Rocky a su renaître de ses cendres au cours de l’année 2006. En 2015, Sylvester Stallone passe le flambeau à la nouvelle génération avec Creed, incarné par Michael B. Jordan. Après deux films sous l’égide de son père spirituel, le fils décide de le tuer et de s'accaparer le mythe. C’est une nouvelle ère qui débute sous l’égide d’Adonis Creed.

Les fantômes du passé

Nous sommes en 2002, The Watcher de Dr Dre résonne dans la voiture conduite par le jeune Damian (Spencer Moore II) avec Adonis (Alex Henderson) à ses côtés. Le son se répercute dans la salle. Un éphémère plaisir rapologique, que le film ne parviendra presque plus à transmettre avec son insipide soundtrack. Il faudra patienter jusqu’à l’affrontement final pour que ce plaisir auditif se fasse à nouveau ressentir, lors de la sortie de Damian du tunnel menant au ring.

Un drame va se nouer entre les deux adolescents. Adonis va pouvoir poursuivre son chemin. Damian va purger une peine de prison de 18 ans. Il va nourrir une rancœur tenace à l’encontre de son ancien ami d’enfance. Une rancœur qui va lui servir de motivation pour venir prendre ce qui pense lui être dû, la vie d’Adonis.

Épisode 9

Creed III, comme son titre ne l’indique pas, est le neuvième opus d’une saga qui débute en l’an de grâce 1976. Elle est l'œuvre de Sylvester Stallone. Le premier opus est mis en scène par John G. Avildsen, ainsi que le cinquième. Sylvester Stallone réalise les autres volets, afin de reprendre la main sur son personnage pour en faire une icône de l'Amérique Reaganienne, avant de le ressusciter au début de notre siècle.

En 2015, la saga prend une nouvelle tournure. Sylvester Stallone s’adapte à notre époque et décide de passer le flambeau à Michael B. Jordan. A la réalisation, il laisse la main à Ryan Coogler puis Steven Caple Jr. avant que Michael B. Jordan ne fasse ses débuts derrière la caméra.

Me, Myself and I

Creed III est l'œuvre de Michael B. Jordan. Il en est l’acteur principal, le réalisateur et un de ses producteurs. Il a pour ambition d’amener la saga vers une nouvelle direction. Une direction qui ne fait que boxer dans les pas de son illustre aîné. Un opus qui se veut plus sombre, tout en faisant preuve d’une conscience sociale sur la situation des afro-américains aux États Unis. On ne peut pas dire que cela soit vraiment le cas. La trame est des plus classiques, assez proche de celle de Rocky IV. Pendant près de deux heures, on ne fait qu'attendre l’inéluctable affrontement final à l’issue des plus évidentes.

Derrière la caméra, Michael B. Jordan fait le job puis le jab devant la caméra. Il nous livre un produit formaté, dénué d’émotions. On est loin des ambitions de son auteur, même si cela reste un spectacle agréable. On a comme impression que Michael B. Jordan parle de lui-même, d’un jeune acteur prometteur qui se complait dans la facilité et le confort. Il est loin le temps de The Wire, Friday Night Lights et Fruitvale Station. Dorénavant, il se fourvoie dans des productions insipides comme Les Quatre Fantastiques, Black Panther ou Sans aucun remords. Certes, le compte bancaire est bien approvisionné mais artistiquement, il ne propose plus grand chose. En prenant les rênes de la franchise Creed, on avait l’infime espoir qu’il nous puisse nous surprendre.

Jonathan, Major de promotion

Creed III marque l'avènement de Jonathan Majors, d'un magnétisme et d'une animosité qui explose tout à l'écran. Il vole la vedette à Michael B. Jordan et s'inscrit en lettres de sang au Panthéon des plus grands méchants de la saga Rocky.

Il est l’atout majeur d’une œuvre convenue. Dès qu’il est à l’écran, on sent que cela peut basculer à tout moment. Certes, il ne fait pas preuve d'ambiguïté. Dès sa première apparition, il transpire la haine. Elle est palpable sur le ring, comme lors de ses échanges avec Adonis. Pourtant, Creed III est d’une étonnante propreté dans un monde où la sueur et le sang se côtoient sur les salles d'entraînement, comme lors des affrontements sur le ring.

On en revient à ce manque d’émotions. La linéarité du récit ne permet pas au film de sortir du cadre dans lequel il évolue depuis des décennies. L’évolution ne se perçoit qu’au travers de son personnage principal passant d’un italo-américain à un afro-américain. Ce changement ne bouscule pas les codes établis. Lors du combat final, Creed est vêtu de blanc, alors que Damian est en noir. Michael B. Jordan continue de perpétuer cette imagerie ancrée dans l’esprit de chacun, à savoir que le blanc est le bien, alors que le noir représente le mal. Cela démontre que l’esprit de son auteur est autant formaté que l’ensemble de la population.

Le combat final entre Creed et Damian démontre à nouveau l’incapacité de son réalisateur à se saisir de l’ère du temps. Michael B. Jordan est, avant tout, un homme d’affaires. Il est dans le système. C’est un capitaliste parmi tant d’autres, dont la seule ambition est d’accumuler les dollars. On ne peut pas attendre de sa part, qu’il fasse preuve de réflexion ou de conscience sociale.

Enfin bref…

Michael B. Jordan se réapproprie la saga Rocky qui est devenue celle de Creed, et par extension la sienne, sans parvenir à la faire évoluer. Il livre un pâle remake de Rocky IV, dont le seul fait notable, reste d’avoir mis de côté Sylvester Stallone.

Creed III est un simple divertissement, sans thème sous-jacent. Un pur produit de consommation, comme la plupart des blockbusters, qui va faire le bonheur des spectateurs.trices et de ses producteurs.trices. Un Creed IV est déjà en préparation. La saga continue…

easy2fly
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le 5 mars 2023

Critique lue 20 fois

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Laurent Doe

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