Après Albert Dupontel et son adaptation de (l'excellentissime) Au Revoir Là-Haut de Pierre Lemaître, c'est au tour de Clovis Cornillac de s'attaquer à Couleurs de l'incendie, suite lointaine du premier (il n'y a aucune référence, aussi si vous ne l'avez pas vu, vous ne serez pas gêné). Et l'on peut dire que, décidément, Pierre Lemaître réussit à ceux qui ont l'audace de l'adapter, Clovis Cornillac signant un film d'époque classe, à l'intrigue prenante, aux personnages intenses, et à la mise en scène dépassant allègrement quelques grands noms du cinéma français. On s'est laissé surprendre par l'ouverture, poignante (dès que l'on touche aux enfants, on bondit dans notre fauteuil...) et très joliment filmée : voyez ce plan de Pietà en contre-plongée, muet, où la violence des émotions vous assaille, à tout juste 5 minutes du générique de début, campée par un Cornillac viscéral, certainement le plan qui nous a le plus marqué. On peut dire que l'ouverture nous a tapé dans l’œil, et la suite de nous plonger dans le combat acharné entre la femme dupée qui demande des comptes (Léa Drucker, excellente en tous points) et le personnage pernicieux de Benoît Poelvoorde (décidément brillant côté drame). Sous son petit chapeau de feutrine rouge, cette femme a l'air plus désespérée que dangereuse, mais c'est bien l'erreur que feront les personnages masculins de Couleurs de l'incendie, et le jeu de dupes de se renverser avec un plaisir que l'on partage au fur et à mesure du film. On regrette un peu la longueur du film (2h14), sans que l'on s'ennuie, mais on ressent parfois le caractère trop copieux du film (là où Au Revoir était passé comme une balle). Il n'empêche que l'on ressort bluffé à plusieurs niveaux : par l'histoire vraie (on ignorait que le roman s'inspirait d'un fait divers, la postface nous l'a appris), par le jeu parfait de Léa Drucker et Benoît Poelvoorde, par Fanny Ardant toujours radieuse, par Nils Othenin-Girard qui a enfin un rôle à sa taille, et évidemment par la mise en scène digne d'un grand. Couleurs de l'incendie est un feu de joie pour le cinéma français.

Aude_L
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Meilleurs films 2022 et My Césars 2023

Créée

le 19 nov. 2022

Critique lue 199 fois

2 j'aime

Aude_L

Écrit par

Critique lue 199 fois

2

D'autres avis sur Couleurs de l'incendie

Couleurs de l'incendie
vincenzobino
8

La brigade Pericourt

La brigade Pericourt 1929: rien ne va pour Madeleine Pericourt: son père Marcel vient de mourir faisant d’elle la nouvelle directrice de la banque, son fils Paul rate sa tentative de suicide le jour...

le 6 nov. 2022

8 j'aime

3

Couleurs de l'incendie
JeanG55
8

La vengeance est un plat qui se mange froid

Alors là, je dois dire que je suis complètement bluffé. À plusieurs titres.D'abord, le DVD que j'ai acheté récemment à "petit prix" ne me disait rien alors que le film est sorti en 2022. J'ai...

le 23 avr. 2024

7 j'aime

2

Couleurs de l'incendie
lessthantod
7

Une merveille d'adaptation pour le grand écran

Bien souvent, on sort déçu des films qui adaptent un roman pour le grand écran, comme Le Dahlia Noir et Le Parfum, ou pire L'écume des Jours. Et désolé, mais malgré tout mon amour pour le cinéma...

le 20 nov. 2022

7 j'aime

Du même critique

The French Dispatch
Aude_L
7

Un tapis rouge démentiel

Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...

le 29 juil. 2021

48 j'aime

Bob Marley: One Love
Aude_L
5

Pétard...mouillé.

Kingsley Ben-Adir est flamboyant dans le rôle du jeune lion Bob Marley, âme vivante (et tournoyante) de ce biopic à l'inverse ultra-sage, policé, et qui ne parle pas beaucoup de la vie du Monsieur...

le 14 févr. 2024

38 j'aime

Dogman
Aude_L
8

Besson a lâché les chiens !

Caleb Landry Jones est vraiment stupéfiant, nous ayant tour à tour fait peur, pitié, pleurer (l'interprétation d’Édith Piaf en clair-obscur, transcendée, avec un montage si passionné, on ne pouvait...

le 18 sept. 2023

35 j'aime