Voilà qui est intéressant.
On n'a jamais eu autant de femmes dans un western. Et chronologiquement, ce n'est pas si récent. Certes, la question, sous le prisme actuel (et rétroactivement, j'y souscris), ne devrait pas se poser en ces termes. Il n'y a pas de quoi pavoiser.
Dans les westerns, les femmes, comme les natifs américains, sont roupie de sansonnet. A minima peut-on concéder que toutes les femmes ne sont pas méchantes, contrairement aux colonisés. Et qu'on leur autorise souvent un rôle de femme forte, indépendante. Et libérée de la contrainte familiale. Parce que la mère, c'est encore pire que la femme "encore disponible" : sans rôle digne de ce nom dans la conquête de l'Ouest.
Ici, Wellman, après m'avoir vivement intéressé quant à sa réflexion sur la justice dans l'étrange incident, de nouveau sort des sentiers battus fordiens, en montrant le rôle de la femme dans cette conquête. De toutes les femmes : les belles, les moches, les vieilles, les jeunes, les célibataires, les mères veuves etc. Bon, ne nous leurrons pas, elles sont évidemment toutes européennes (irlandaises, françaises, italiennes, etc) et donc blanches.
Mais ce film dit plein de choses, et surtout, il nous dit que toute construction réelle ne peut se faire sans femmes. C'est un renversement de situation, qui, certes, continue d'essentialiser la femme, mais qui a au moins le mérite de leur attribuer un vrai rôle.
Ce film montre des femmes qui savent se défendre, résister, survivre en conditions hostiles. Faire sans mecs (ou presque, faut pas déconner non plus).
La scène de l'arrivée en Californie, forcément romancée, peut même susciter un peu d'émotion, face à ces hommes qui attendaient ces femmes avec impatience, non pour tirer leur crampe, non par amour, mais afin, enfin, de commencer à construire quelque chose, de donner un sens à tous leurs efforts.
Bref. Ce film, par le choix de sa thématique, est tout-à-fait significatif.