J'ai eu la chance de voir ce film en avant-première lors d'une soirée cinéma à l'aveugle, comme l'a fait pendant des années Sens Critique avec les cinexpériences.

Une fois la présentation du milliardaire et l'entrée en scène de Penélope Cruz, stupéfiante en réalisatrice de film, exubérante, et en décalage total par rapport à ses autres rôles, vous êtes embarqués dans une espèce d'essoreuse qui vous relate les mécanismes invisibles qui précèdent la réalisation d'un film, comme les répétitions de scène, sans décor, sans accessoires... Juste les acteurs, la réalisatrice et le texte !

Pour les répliques, vous mettez Antonio Banderas et Oscar Martinez, acteurs plus que reconnus dans le monde hispanique du cinéma. Ils sont choisis par la production pour leur célébrité, mais leur ego va leur jouer des tours. Cela vous donne des moments sobres, étonnants, détonnants, rigolos, réalistes, décapants, mais aussi dramatiques...

On ne s'ennuie pas un instant, malgré le dépouillement absolu des décors, les reprises de texte parfois lourd dingues, les mises en situation improbables ou encore les excès des acteurs motivés par des enjeux que leur personnalité exacerbent.

Un film qui prend aussi le temps de dénoncer les excès des stars, les conditions parfois douteuses de production, les classements soi-disants qualitatifs des films et acteurs, les mises en scène des cérémonies de récompenses, la naïveté du public facilement séduit par une affiche alléchante... L'équipe du film a dû bien s'amuser à tourner ce pastiche qui finalement nous renvoie à nos faiblesses face à un écran : il ne faut pas grand-chose pour nous titiller, nous séduire, nous arnaquer, ou encore nous berner. Pour peu que notre attention et notre sens critique soient contournés par des artifices, un bon manipulateur peut nous faire voir et gober n'importe quoi. D'où l'intérêt de la réflexion a posteriori.

Et la dernière scène ne manque pas d'audace pour nous faire relativiser la construction d'un film...

Un film que je vous conseille. Pour vous faire une idée sur le cinéma et ses dessous pas toujours reluisants.

Eric-ROBINNE
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le 4 mai 2022

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Eric ROBINNE

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