Alors que l’Europe s’apprête à se lancer dans l’un des conflits les plus sanglants de son histoire, un bateau s’en va aux antipodes, loin de toute civilisation, pour y mener un homme afin qu’il accomplisse sa mission : effectuer des relevés météorologiques sur une île au large de l’Antarctique. Une aventure aux confins du monde racontée dans Cold Skin.


Le choix de la date à laquelle débute le film paraît aussi opportune qu’elle n’est pas anodine. Ce début de mois de septembre 1914 nous fait tout de suite imaginer le tumulte qui agite les pays de l’ouest européen, où se mobilisent des millions d’hommes qui prennent les armes. Un tumulte en parfait contraste avec l’arrivée sur cette île désolée et inhospitalière, terre volcanique située tout au sud de l’océan Atlantique, où rien ne vit et où rien ne se passe. Là règne une étrange atmosphère, l’idée que quelque chose d’inexplicable se produit, à l’image du capitaine du bateau qui rechigne à laisser le météorologue seul sur l’île. Seul, ou presque, car il reste cet étrange ermite retranché dans son phare. Toujours est-il que cette solitude va vite devenir illusion lorsque d’étranges créatures vont prendre d’assaut la maison du héros.


En réalité, on ne connaît pas les réelles motivations du personnage principal, dont on ne connaît d’ailleurs pas le nom, qui l’ont poussé à venir sur cette île. Son insistance quant au fait de rester sur cette île menaçante pose question, elle est même suspecte. Peut-être s’agissait-il pour lui d’une opportunité de fuir la guerre ? L’ironie voudra que, là où il pensait trouver une forme de paix, il trouvera également la guerre. Une idée qui se confirme en progressant dans l’intrigue, Cold Skin se présentant comme une métaphore de la Première Guerre Mondiale, un conflit inévitable et inéluctable, où l’étranger est systématiquement considéré comme étant un ennemi.


En se déroulant dans une sorte de huis clos, Cold Skin économise ses moyens tout en plaçant ses personnages sous une pression croissante. Un dispositif qui opère généralement avec succès, avec la découverte progressive des créatures, de bons effets spéciaux et un sound design également intéressant, qui leur donne véritablement vie. Le film suit une trame classique, commençant par la découverte, enchaînant avec l’appréhension, la routine puis le dénouement, n’allant pas spécialement chercher l’originalité dans sa structure ni dans la catégorisation de ses personnages. Une trame qui prend davantage son sens dans l’idée d’une représentation de 14-18 entre la guerre de positions, la longue routine des combats et de l’attente, le fil des saisons et les tourments associés, ce qui permet à Cold Skin d’avoir davantage de substance.


Ainsi, Cold Skin se présente comme une Série B de bonne facture, allant à l’essentiel en faisant bien ce qu’elle fait. Un film qui parvient à maintenir notre intérêt, passant par des étapes obligatoires qui peuvent rentre la trame parfois prévisible, mais le rendu final s’avère satisfaisant, bien amené et bien pensé.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

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le 9 janv. 2023

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