Les films parlant des grandes femmes ayant fait de l’histoire de France dans quelque domaine que ce soit ont tous la même trame : l’amour passionnel. Il n’y a qu’à penser à ces dizaines de longs-métrages qui prennent la poussière sur nos étagères pour nous faire une telle opinion : La Môme, le téléfilm sur Arletty ou celui sur Simone de Beauvoir, Les Adieux à la Reine, La Malibran, Désirée Clary, La Reine Margot, La Princesse de Montpensier, L’Allée du roi… Enfin, vous devez avoir un biopic en tête sur une femme célèbre. Ce que l’on regrette c’est le côté un peu commun et déjà-vu de ces histoires. A croire qu’il faille que les femmes souffrent pour faire de grandes et belles choses afin de s’ouvrir les chemins de la postérité.
Exceptée cette considération que peut-on dire sur Coco avant Chanel ?
La photographie est splendide, d’une sobriété élégante. Les plans sont recherchés et accentuent l’atmosphère recherchée. Ainsi, il y a comme une lourdeur dans le cabaret, une forme de majesté aristocratique dans les scènes de château, un aspect un peu guindé dans les moments parisiens et près de la mer. La photographie met en lumière la beauté simple des choses, une beauté qui est création et source d’inspiration à cette création.
Les jeux d’acteur sont efficaces. Tautou, hésitante entre la fantaisie et la retenue aristocratique, est très convaincante. Poelvoorde est très crédible dans le personnage de Balsan, mélange de grand séducteur et de gaulois bourru. La sœur de Coco Chanel, Adrienne, incarnée par la délicieuse Marie Gillain est, en revanche, effacée presque indétectable. Alessandro Nivola apparaît également un peu léger dans le rôle de Boy Capel ; trop peut-être pour être mémorable.
Et après ?
L’histoire ne mérite guère de compliments ? Gabrielle Chanel veut percer dans le grand monde. Elle chante dans un cabaret avec sa sœur. Elle rencontre Balsan qui l’introduit dans son monde de fêtes et de courses de chevaux. Elle fréquente alors des demi-mondaines, actrices, chanteuses et hommes d’affaires. Gabrielle, surnommée Coco, tombe amoureuse de Boy. Indépendante, elle a un certain succès grâce à ses chapeaux d’une grande sobriété qui rompt avec les codes vestimentaires de l’époque. Elle devient modiste puis créatrice de mode. Au sommet du bonheur, un drame survient et la transforme définitivement en Coco.
Au final, on désespère d’une histoire qui ne laisse pas de surprises, qui semble péniblement long en s’enferment dans une sorte de travers contemplatif.
Dans l’ensemble, esthétique et jeux d’acteur rattrapent un film à l’histoire attendue et aux sentiments de déjà-vu.